Selon Hillary Clinton, l’Europe devrait freiner l’immigration pour contrer les populistes
Selon Hillary Clinton, l’Europe devrait freiner l’immigration pour contrer les populistes
L’arrivée massive de migrants a favorisé Trump et le Brexit, estime la candidate malheureuse à l’élection présidentielle américaine dans un entretien au « Guardian ».
L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, à Baltimore, aux Etats-Unis, le 5 juin 2017. / Patrick Semansky / AP
« Je pense que l’Europe doit maîtriser l’immigration, car c’est cela qui a mis le feu aux poudres », affirme Hillary Clinton, dans un entretien accordé au Guardian, publié jeudi 22 novembre. Pour l’ancienne candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine de 2016, la « générosité » des dirigeants européens a conduit à la montée des populismes d’extrême droite.
Si elle « admire l’approche très généreuse et compatissante de certains dirigeants comme [la chancelière allemande] Angela Merkel », Mme Clinton conseille à l’Europe d’envoyer un message clair : « nous ne pouvons pas continuer à offrir refuge et assistance ».
Ses remarques risquent d’attiser les controverses au sein de l’Union européenne, qui a péniblement réussi à former une position commune sur le sujet. Plus d’un million de migrants sont arrivés sur le continent depuis 2005, rappelle le quotidien britannique.
Problèmes d’identité
Négliger les inquiétudes soulevées par les problèmes ethniques et d’identité est une cause majeure de la débâcle des gauches en Europe et aux Etats-Unis, selon Mme Clinton. C’est une leçon qu’elle aurait tirée de son échec à la dernière élection présidentielle américaine, son rival Donald Trump exploitant largement ces peurs :
« Le système américain dans son ensemble a été conçu pour éliminer toute menace d’un roi ou d’un leader fort, autoritaire, et peut-être que les gens se sont lassés de cela. Ils ne veulent pas autant de responsabilité et de liberté. Ils veulent qu’on leur dise quoi faire et où aller et comment vivre… et qu’on ne leur donne qu’une version de la réalité. »
Le Brexit aussi, qu’elle considère comme le plus grand acte d’autodestruction de l’économie nationale de l’histoire moderne, « est dû en grande partie à l’immigration ».
Si la montée des populismes se nourrit des problèmes d’identité, elle est aussi alimentée par une nouvelle manière de faire de la politique, qui dramatise les divisions et abuse de la rhétorique des crises, souligne Mme Clinton. Difficile pour le centre gauche de faire entendre sa voix par-dessus ce langage simpliste et émotionnel utilisé contre lui.
L’ancienne secrétaire d’Etat ne cache pas, notamment, son mépris pour l’idéologue américain d’extrême droite Steve Bannon. L’ex-conseiller de Donald Trump, qui a créé une fondation en Europe, mène désormais campagne pour les partis nationalistes européens depuis l’Italie, gouvernée par une coalition populiste depuis mai dernier.
Mme Clinton affirme ne pas comprendre les raisons de cette tendance, qui représente « une grave menace pour notre liberté et nos institutions démocratiques ». Et appelle au combat.