OCS Go, à la demande, série

On a connu un voyageur qui, chaque fois qu’il descendait dans le même hôtel, demandait à loger dans la chambre 452. Pour la seule raison que ce numéro, qui lui avait été affecté à sa première visite, était celui, dans le catalogue des œuvres de Mozart, du sublime Quintette pour vents et piano K. 452, l’une des plus belles compositions de son auteur.

Alors que quelques mois séparaient ses visites, il se demandait chaque fois qui avait entre-temps logé dans cette chambre, couché dans ce lit, pris un bain dans la même baignoire. Quelqu’un y serait-il par extraordinaire mort ? La chambre semblait l’attendre lui et lui seul – identique même si des traces d’usure et d’usage marquaient parfois le passage du temps et celui d’autres clients. Mais, il s’en persuadait sans y croire cependant tout à fait, c’était « sa » chambre. On pourrait imaginer qu’une telle rêverie ait traversé l’esprit des auteurs de Room 104. Car c’est une seule et même chambre qui tient lieu de décor à cette série en huis clos, même si certains détails d’aménagement témoignent du passage du temps.

Cauchemar sanguinolent

On ne sait pas où se trouve cette chambre de motel. Quand la porte d’entrée est ouverte, une cloison extérieure masque tout ce qui pourrait indiquer à quoi ressemblent les alentours. Mais on imagine un parking, un distributeur de boissons – un no man’s land. Autrement dit : un coin idéal pour venir s’y suicider. On a regardé avec un intérêt et un plaisir variables la première saison (2017) de Room 104 et les premiers épisodes de la saison 2 que diffuse OCS : on s’est parfois lassé de l’absurdité lunaire des situations, des numéros d’acteur auxquels se livrent quelques visages très connus de la télévision nord-américaine.

Lire la critique de la saison 1 : « Room 104 » et ses mystères

A vrai dire, on n’est pas sûr d’aimer cette série, dont l’atmosphère est en général celle d’un songe étrange qui vire parfois au cauchemar le plus sanguinolent. Car l’état mental des clients qui viennent y loger, s’y cacher, y fêter un anniversaire ou y organiser un guet-apens est rarement sain.

La comédie et l’humour (noir) ne sont pas absents de Room 104, mais on s’extirpe de chaque épisode avec la sensation poisseuse d’un mauvais rêve insinuant. Et pourtant, on y revient, pour ­goûter encore ce dérangeant entre-deux.

ROOM 104 Season 2 Official Trailer (HD) Michael Shannon Anthology Series
Durée : 01:40

Room 104, saison 2, série créée par Mark et Jay Duplass (US., 2018, 12 × 22-30 min.) www.ocs.fr/serie/room_104