Canal+, vendredi 30 novembre à 23 heures, film

Il fut un temps où l’arrivée des extraterrestres était une fête, symbolisée par un jouet d’enfant vert, rouge, jaune et bleu. Les rencontres du troisième type appartiennent au siècle ­dernier. En 2016, les aliens débarquent dans un monde drainé de ses couleurs et sont accueillis par une femme pâle qui porte une tristesse infinie. Premier contact – en anglais Arrival (« arrivée ») – est un grand spectacle qui n’est jamais si juste que lorsqu’il s’abîme dans l’esprit inquiet de son héroïne, Louise Banks, la linguiste, que lorsqu’il décline à l’infini les formes abstraites de l’étrange écriture des extraterrestres. Porté par une invention visuelle constante, le film de Denis Villeneuve parvient à renouveler l’un des plus vieux thèmes de la science-fiction, tout en plongeant dans la mélancolie du moment, celle qui porte le deuil de la mort à venir de notre monde.

Premier contact exige, à juste titre, l’attention soutenue du spectateur. La séquence d’ouverture, qui précède la mise en scène de l’arrivée des extraterrestres, montre Louise avec une enfant, à travers les années. Ce prologue n’en est pas un, et il faudra un certain temps pour le replacer dans l’architecture du film. C’en est en fait la clé de voûte, puisque l’ambition de ce récit serait de modifier notre perception et notre conscience du temps.

Les autres sont arrivés

En attendant d’arranger cette expérience périlleuse, Denis Villeneuve entreprend de raconter autrement cette histoire mille fois entendue. Louise Banks est enseignante dans une université américaine. Le jour où elle s’apprête à expliquer à ses étudiants pourquoi la prononciation du portugais diffère si radicalement de celle des autres langues romanes, son cours est interrompu par un chapelet de sons avertissant de la réception de messages. Face à cette avalanche de signes, la linguiste est obligée de se rendre à une signification supérieure : les autres sont arrivés. Douze objets gigantesques sont suspendus à quelques mètres de la surface terrestre, répartis sur tout le globe. Quelques heures plus tard, Louise est recrutée par un colonel de l’armée des Etats-Unis (Forest Whitaker) afin d’aider à la compréhension entre les planètes. Sur un ­plateau du Montana, elle s’installe dans un préfabriqué dont la forme angulaire, la matière pauvre ­contrastent avec la texture noire et la forme parfaite, évocatrices de l’infini, du vaisseau spatial.

Lire le portrait : Amy Adams, actrice au complet

Le noyau de Premier contact est constitué des séquences situées à l’intérieur de cette ambassade interstellaire. Séparés par un écran blanc des extraterrestres, les Terriens (des militaires, une linguiste et un physicien interprété par Jeremy Renner) tentent d’entrer en communication avec les deux êtres qui se tiennent derrière l’écran. Pendant un long et merveilleux moment, il n’est question que de langage, du rapport entre l’oral et l’écrit, de l’utilité des mots. Avec son directeur artistique, Patrice Vermette, et son directeur de la photographie, Bradford Young, Denis Villeneuve transforme ces tâtonnements en un rituel magnifiquement chorégraphié : les Terriens sont aspirés dans un couloir sans gravité, ils se présentent devant l’autel-écran et cherchent une prière qui serait enfin entendue.

La prêtresse de cette cérémonie est bien sûr Amy Adams, qui parvient à jouer l’inimaginable, en l’occurrence l’acquisition d’une connaissance qui va bien au-delà des limites qui étaient celles de l’humanité. Elle est la première à comprendre ce qu’apportent les extraterrestres, et le prix qu’il faudra payer.

Premier Contact - Bande-Annonce 1 - VF
Durée : 02:25

Premier contact, de Denis Villeneuve. Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, (Etats-Unis, 2016, 110 min). www.mycanal.fr