Un musée européen du manga en réflexion en Alsace
Un musée européen du manga en réflexion en Alsace
Par William Audureau
Le projet, porté par le député centriste Olivier Becht, bénéficie de l’appui du prestigieux Musée international du manga de Kyoto, au Japon.
Détail du fonds de 130 000 ouvrages d’études japonaises du CEEJA (Haut-Rhin). / W.A.
Les archives d’Osamu Tezuka et de l’histoire de la BD nippone vont-elles faire leur nid en Alsace ? Le Centre européen d’études japonaises d’Alsace (Ceeja), une association à but non lucratif, travaille à l’ouverture à moyen terme d’un musée européen du manga à Mulhouse, a révélé au Monde son président, le député Agir Olivier Becht, vice-président du groupe d’amitié France-Japon à l’Assemblée.
L’idée, qui a germé en 2017, n’en est encore qu’à la phase de montage budgétaire. Olivier Becht évalue à 2,5 millions d’euros l’enveloppe nécessaire à son lancement, et planche sur un modèle pour financer son fonctionnement annuel. « Le projet doit tenir debout tout seul, mais si le ministère de la culture aide, ce sera forcément un plus », admet le député, proche du ministre Franck Riester, avec qui il a fondé le groupe Agir.
Si aucun lieu n’est officiellement arrêté, le député du Haut-Rhin privilégie l’option de Mulhouse, notamment en raison de sa proximité avec la Suisse et l’Allemagne et de son aéroport, le septième plus fréquenté de France et le plus important du Grand-Est avec 8 millions de passagers par an.
Une place pour l’animation et les jeux vidéo
Le projet de musée européen du manga ne devrait pas voir le jour avant quatre ou cinq ans, précise le président du Ceeja, mais bénéficie déjà du soutien du prestigieux Musée international du manga de Kyoto, principale référence mondiale dans le domaine. Ce dernier a notamment demandé à ce que la future collection soit hébergée dans un bâtiment traditionnel, comme c’est déjà le cas au Japon, où les fonds ont été entreposés dans une ancienne école.
Si ses contours exacts restent à définir, le souhait des personnes en charge du projet est de ne pas s’enfermer dans une vision cloisonnée de la BD japonaise. « Nous allons créer un groupe de travail pour bien le ficeler. Il faut un conseil scientifique et des spécialistes de l’animation et du manga, mais aussi d’autres horizons », détaille Virginie Fermaud, directrice du Ceeja, qui héberge déjà le plus grand fonds européen – environ 130 000 pièces – de livres d’études japonaises. Le musée laisserait ainsi une place aux figurines et aux jeux vidéo.
Le conseil scientifique s’appuie déjà sur deux grands noms de la recherche, l’historien Xavier Kawa-Topor, qui a contribué à la reconnaissance de Hayao Miyazaki en France, et Ilan Nguyên, maître de conférences à l’université de Tokyo et interprète de plusieurs grands noms historiques de l’animation japonaise, qu’il accompagne régulièrement en France.