Crise politique ouverte en Belgique sur le pacte de la migration de l’ONU
Crise politique ouverte en Belgique sur le pacte de la migration de l’ONU
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Le premier ministre Charles Michel a « pris acte » samedi soir du départ des ministres de la N-VA et va diriger une coalition minoritaire.
Le premier ministre belge Charles Michel tient une conférence de presse à Bruxelles, en Belgique, le 8 décembre. / ERIC VIDAL / REUTERS
La crise politique qui couvait depuis des jours en Belgique a connu son dénouement, samedi 8 décembre : les ministres de l’Alliance néoflamande (N-VA, nationaliste) quittent la coalition dirigée par le libéral francophone Charles Michel, qui sera durant quelques mois à la tête d’un gouvernement minoritaire. Les élections législatives sont prévues à la fin mai.
Le pays assistait depuis plusieurs jours à une polémique sur l’approbation du pacte des Nations unies sur la migration. Le premier ministre Charles Michel maintenait son intention de se rendre à Marrakech pour adopter ce texte au nom de son pays, lundi 10 décembre. Il avait obtenu, à la fin de la semaine dernière, l’approbation d’une majorité de députés de la majorité et de l’opposition mais son principal partenaire, la N-VA s’opposait à cette ratification.
Samedi soir, une dernière tentative de conciliation a échoué. M. Michel a réuni son gouvernement pour trouver un consensus mais le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, a rapidement quitté la séance, accompagné du secrétaire d’Etat à la migration, Theo Francken. Peu de temps après, Bart De Wever, le président du parti flamand tenait une conférence de presse.
« S’il part, il nous démissionne »
« SI le premier ministre part comme chef de la coalition, il atterrira comme chef de la coalition Marrakech » déclarait le leader nationaliste. « S’il part, il nous démissionne de fait et nous pousse hors du gouvernement », ajoutait-il. Refusant de dire que ses ministres démissionnaient, afin de ne pas porter la responsabilité de la crise, le président ironisait en indiquant que M. Michel disposait apparemment des soutiens nécessaires pour trouver une nouvelle majorité. Une allusion au fait que, lors du débat parlementaire sur le pacte onusien, M. Michel avait reçu le soutien des oppositions socialiste, écologiste et chrétienne démocrate francophone.
« Nous n’avons plus notre sort entre nos mains », ajoutait M. De Wever, réfutant l’idée qu’il voulait provoquer une crise et indiquant qu’il voulait que le gouvernement aille à son terme. Il rejetait ainsi la responsabilité du déclenchement de cette crise sur ses partenaires, et sur M. Michel en particulier.
Samedi matin, la N-VA avait prôné l’abstention de la Belgique au Maroc. Une ultime tentative pour imposer son point de vue alors que son parti est sous la pression de l’extrême droite. Samedi après-midi, le Vlaams Belang tenait, à Bruxelles, une réunion avec Marine Le Pen et Steve Bannon pour dénoncer le pacte de l’ONU, qualifié de « suicidaire ».
Crise latente
Sur le coup de 22 h 45, M. Michel improvisait une conférence de presse pour rappeler que la Belgique avait, sans opposition de la N-VA, confirmé dès septembre l’engagement de son pays à adopter le pacte. Et confirmer qu’il partirait dès lors pour Marrakech dès dimanche, « au nom du gouvernement ». « Je prends acte de la position de la N-VA et du fait qu’elle quitte la coalition » indiquait le premier ministre. Des secrétaires d’Etat vont remplacer les ministres de la N-VA, « dans le sens de l’intérêt général », ajoutait-il, réfutant donc l’idée d’une démission de son équipe. C’est donc un gouvernement minoritaire qui devrait se mettre en place, à savoir une coalition de libéraux et chrétiens démocrates.
Après avoir arbitré de nombreux désaccords entre le secrétaire d’Etat Theo Francken et ses partenaires, M. Michel, souvent moqué pour sa soumission à la N-VA, a donc tranché de manière forte le conflit qui l’opposait à son puissant partenaire flamand. La migration ne fut pas le seul sujet de tension au sein de cette coalition qui a aussi connu des débats difficiles sur le budget, la fiscalité ou la sortie du nucléaire.