Macron s’adresse à la nation : pour la presse française, c’est « l’heure de vérité »
Macron s’adresse à la nation : pour la presse française, c’est « l’heure de vérité »
Le Monde.fr avec AFP
A quelques heures de l’allocution que doit prononcer le chef de l’Etat, la presse se demande comment il pourra répondre aux attentes sans se renier.
Un autocollant montrant un photomontage d’Emmanuel Macron, le 8 décembre à Paris, pendant la manifestation des gilets jaunes. / STEPHANE MAHE / REUTERS
Pour apaiser la révolte des Français portée par les « gilets jaunes », leur président est face à un vrai dilemme : il doit annoncer des mesures concrètes, lundi 10 décembre, sans renier le projet réformateur pour lequel il a été élu en 2017, estime la presse.
« Devant les Français, Emmanuel Macron doit donc céder et tenir : être convaincu des changements nécessaires (j’ai compris vos revendications d’équité) et être ferme dans son projet réformateur (je continue à refuser les régressions et les facilités). “En même temps”, bien sûr », remarque François Ernenwein dans La Croix. C’est carrément la « quadrature du cercle », le plaint Bruno Dive dans Sud-Ouest. Car « il (Macron) lui faut garder le cap de la réforme, tout en lâchant du lest, beaucoup de lest pour retrouver l’adhésion des Français ».
« L’exercice n’est pas simple lorsqu’il s’agit de toucher au coeur les Français alors que les revendications exprimées sont hétérogènes, parfois individualistes et contradictoires », note pour sa part Hervé Chabaud dans l’Union et l’Ardennais.
Ce qui est demandé au chef de l’Etat ? « Corriger sa copie et reconnaître ses erreurs, quitte à démembrer son projet », rappelle Pierre Fréhel dans Le Républicain Lorrain. Et ceci est « un défi inédit et périlleux qui l’engage personnellement et collectivement » , reconnaît Pascal Coquis dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Le chef de l’Etat ne s’en sortira pas avec « un vague mea-culpa » et « quelques concessions disparates de pouvoir d’achat », met en garde Laurent Joffrin dans Libération en insistant : « sans un geste qui mette à contribution les plus riches, la vindicte persistera ». « Manu, entends-tu? », lui crie le journal en une.
Haute voltige
« Toute la difficulté est de céder sur l’accessoire tout en préservant l’essentiel, sachant que les caisses de l’État sont vides. Pour autant, le président ne peut totalement renier ce qui a été fait depuis dix-huit mois. Cela le priverait du soutien des 20 % de Français qui lui font encore confiance », analyse Laurent Bodin dans L’Alsace.
Le président est appelé à « faire acte de contrition et battre sa coulpe sans paraître se renier ni abaisser la fonction », écrit Denis Daumin dans la Nouvelle République. Ceci est un « exercice de haute voltige » d’autant plus difficile que « l’artiste, qui n’a pas toujours manqué de talent dans ces numéros de trapèze volant, travaille cette fois sans filet », ajoute l’éditorialiste.
Le président Macron « va-t-il changer de cap? », se demande en une Le Figaro. « Plus il voudra éviter la spirale des concessions consenties, plus Emmanuel Macron devra convaincre d’un changement personnel », parie Guillaume Tabard.
Pour Maud Vergnol de L’Humanité, le choix qui se présente à Macron est de « s’accrocher à son trône ou accepter de changer de politique ». Dans cet exercice, « il joue non seulement son propre avenir, mais surtout l’issue d’une guerre sociale, qui a déjà fait de trop nombreuses victimes », selon le quotidien communiste.
C’est « l’heure de vérité » pour Macron, résume Le Parisien. « S’il échoue la France entrera dans une dangereuse période d’instabilité politique », craint son éditorialiste Frédéric Vezard.