Rassemblement des salariés des centrales à charbon et des ports, jeudi 13 décembre, à Paris. / NW/LEMONDE

Ils étaient plusieurs centaines, jeudi 13 décembre à Paris, venus manifester à quelques mètres du ministère de la transition écologique et solidaire, à l’appel de la Confédération générale du travail (CGT). Un mot était sur toutes les lèvres : un moratoire sur la fermeture des dernières centrales à charbon françaises. « Macron a su proposer un moratoire sur la taxe carbone, sur les tarifs du gaz et de l’électricité, il faut qu’il fasse la même chose sur le charbon ! », lance Nicolas Casoni, secrétaire général de la CGT de la centrale de Gardanne (Bouches-du-Rhône).

Le président de la République a confirmé, fin novembre, que les dernières centrales françaises devraient avoir fermé avant la fin du quinquennat – un engagement pris lors de la campagne présidentielle. La France compte encore quatre sites de production, dont deux sont opérés par EDF, à Cordemais (Loire-Atlantique) et au Havre (Seine-Maritime) ; les deux autres sont exploités par le groupe allemand Uniper, à Gardanne et à Saint-Avold (Moselle).

Ces centrales produisent moins de 2 % de l’électricité française, mais sont très utilisées pendant les pics de consommation en hiver.

« Tout le monde se demande quelle centrale va fermer en premier »

Pour la CGT, le gouvernement devrait accepter un moratoire pour laisser du temps à des projets de reconversion des sites. « D’autant que les quatre sites français représentent moins de 1 % des émissions de gaz à effet de serre », ajoute M. Casoni. Les syndicats du secteur estiment que la fermeture des centrales concerne cinq mille emplois directs et indirects.

Parallèlement à ce rassemblement, les salariés des centrales à charbon et des ports étaient appelés à une grève de vingt-quatre heures, reconductible dans les centrales.

Les syndicats du secteur affirment que ces centrales sont toujours nécessaires au maintien de la stabilité du réseau électrique. Le gestionnaire du réseau, RTE, a estimé mi-novembre que la fermeture des centrales à charbon serait possible à partir de 2020 si un certain nombre de conditions étaient réunies, notamment un développement fort des énergies renouvelables et la mise en service de la centrale nucléaire de Flamanville dans la Manche et de la centrale au gaz de Landivisiau dans le Finistère. Un bilan jugé insuffisant par la CGT, qui considère que le réseau électrique français aura du mal à passer les pointes de consommation hivernales sans le charbon.

« Tout le monde se demande quelle centrale va fermer en premier », raconte un salarié de Saint-Avold, qui a demandé à rester anonyme. Le gouvernement n’a pas donné de calendrier précis, mais RTE a fait savoir que la fermeture de la centrale de Cordemais devrait être la plus reculée dans le temps, le temps de pallier les difficultés d’approvisionnement électrique de la Bretagne.

Seul politique présent au rassemblement, le nouveau secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a apporté son soutien à la revendication d’un moratoire. « On va fermer des centrales à charbon en France pour importer du charbon allemand ? On cède à une psychose », estime le député du Nord.

Le gouvernement n’entend pas reculer pour l’instant sur la date de 2022, a fait savoir le cabinet de François de Rugy, où une délégation a été reçue. Selon la CGT, le ministère s’est simplement engagé sur la nomination d’un délégué interministériel pour assurer une reconversion économique des sites. Dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse (AFP), le ministère assure qu’il mettra en œuvre l’engagement présidentiel mais « en accompagnant chaque salarié et chaque territoire concernés ».