L’accord a été âprement négocié. Les belligérants au Yémen ont décidé de faire taire les armes provisoirement dans plusieurs régions dévastées, a annoncé le chef de l’Organisation des Nations unies (ONU) jeudi 13 décembre, à l’issue de consultations de paix en Suède. Quatre ans de guerre ont fait quelque dix mille morts dans le pays et menacent jusqu’à vingt millions de personnes de famine.

Les deux camps doivent se revoir fin janvier pour tenter de définir un cadre pour des négociations en vue d’un règlement politique, ont précisé le secrétaire général Antonio Guterres et son envoyé spécial Martin Griffiths, qui ne nourrissaient que de maigres espoirs d’obtenir une percée. En attendant, ces accords vont « améliorer la vie de millions de Yéménites », s’est félicité M. Guterres.

« La pire crise humanitaire du monde »

Un « cessez-le-feu » doit entrer en vigueur « dans les prochains jours » à Hodeïda, dans l’ouest. C’est par ce port de la mer Rouge qu’entre l’essentiel de l’aide dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, et où sévit « la pire crise humanitaire du monde » selon l’ONU.

Les deux parties – forces gouvernementales, soutenues par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite sunnite, d’une part, combattants houthistes appuyés par l’Iran chiite d’autre part – doivent se retirer de la ville et du port. Contrôlé par les insurgés, celui-ci subit les assauts de la coalition progouvernementale.

L’ONU jouera un « rôle-clé » dans le contrôle du port, a précisé Antonio Guterres lors d’une cérémonie en présence des deux délégations. Trente observateurs de l’ONU pourraient être déployés dans la ville, rapporte l’Agence France-Presse (AFP).

Le ministre des affaires étrangères yéménite, Khaled Al-Yémani, et le négociateur en chef des houthistes, Mohammed Abdelsalam, ont échangé une poignée de main à forte portée symbolique à l’issue de la cérémonie. M. Al-Yémani a toutefois prévenu que l’accord sur le retrait d’Hodeïda restait « hypothétique » jusqu’à sa mise en œuvre. 

La ville de Taëz, ravagée par les combats, doit également être soulagée afin d’ouvrir des corridors humanitaires. Mais « il reste des questions en suspens », a averti M. Guterres. Aucun accord n’a en effet été trouvé sur le redressement de l’économie yéménite, en lambeaux, ni sur la réouverture de l’aéroport de la capitale, Sanaa.

Contrôlé par les rebelles et fermé depuis trois ans, l’aéroport fait de facto l’objet d’un blocus par la coalition progouvernementale qui reste maître du ciel. Le résultat des pourparlers sera présenté vendredi au Conseil de sécurité à New York.

Guerre au Yémen : pourquoi le pays est en train de disparaître
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