Le président camerounais Paul Biya a décidé jeudi 13 décembre l’arrêt des poursuites engagées contre 289 détenus de la crise anglophone, a annoncé la présidence dans un communiqué. Le texte, lu à la radio d’Etat et signé par le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, ne précise pas le nom des bénéficiaires de cette mesure.

« Intervenant après la création d’un Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (Cnddr), cette décision du chef de l’État procède de sa volonté de permettre à (...) nos jeunes compatriotes de ces deux régions de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin », ajoute-t-il.

Minorité « marginalisée »

Plusieurs centaines de personnes arrêtées dans le cadre de la crise anglophone, qui a débuté en 2016 pour se transformer fin 2017 en conflit armé, sont actuellement détenues dans différentes prisons camerounaises, rapporte l’Agence France-presse (AFP).

Parmi elles figurent le leader séparatiste anglophone, Julius Sisiku Ayuk Tabe, accusé notamment de « terrorisme » et de « sécession ». Son procès s’est ouvert il y a une semaine devant le tribunal militaire de Yaoundé, avant d’être renvoyé au 10 janvier. C’était la première fois que le président autoproclamé de l’Ambazonie - nom de l’Etat que les séparatistes veulent créer au Cameroun anglophone - comparaissait depuis son arrestation au Nigeria et son extradition au Cameroun en janvier avec 46 autres personnes.

Depuis fin 2017, des dizaines de séparatistes ont pris les armes dans les deux régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest pour en finir avec ce qu’ils estiment être « la marginalisation » de la minorité anglophone du Cameroun. Des affrontements entre soldats déployés en nombre et ces séparatistes, en groupes épars dans la forêt équatoriale, s’y produisent très régulièrement.

Plus de 200 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit ainsi que plus de 500 civils, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG). Par ailleurs, plus de 437 000 personnes ont dû fuir leur domicile dans ces régions, selon l’ONU.