A Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, en 2017. / AKINTUNDE AKINLEYE / REUTERS

L’armée du Nigeria a autorisé dans la soirée du vendredi 14 décembre l’Unicef à reprendre ses opérations dans le nord-est du pays. Celles-ci avaient été suspendues la veille alors que l’organisation onusienne était soupçonnée d’avoir des membres espions de l’insurrection djihadiste de Boko Haram. La décision est consécutive à « l’intervention de Nigérians bien intentionnés et préoccupés » par l’arrêt de l’aide dans cette région appauvrie par un conflit meurtrier, a détaillé l’armée dans un communiqué.

Son porte-parole, Onyema Nwachukwu, a précisé qu’une réunion vendredi matin avait été l’occasion de détailler auprès de l’organisation d’aide à l’enfance ce que les forces armées attendaient d’elle. Il a été « vivement conseillé aux représentants de l’organisation de cesser les activités hostiles à la sécurité nationale du Nigeria et propres à saper le combat actuel contre le terrorisme et la rébellion ».

« L’état-major a également exhorté les représentants de l’Unicef à s’assurer qu’ils partageaient avec les autorités compétentes les renseignements concernant tout recrutement ou formation de nouveau personnel sur le terrain », a-t-il ajouté.

Des accusations « absurdes »

L’insurrection de Boko Haram a fait plus de 27 000 morts et 1,8 million de déplacés dans le nord-est du Nigeria depuis 2009, provoquant une très grave crise humanitaire dans la région du lac Tchad.

L’armée avait accusé jeudi l’Unicef d’avoir dispensé à Maiduguri des formations à des activités « clandestines » qui « sabotent » le contre-terrorisme nigérian. « Il y a des renseignements crédibles selon lesquels certains [travailleurs de l’Unicef] se livrent à des pratiques nuisibles (…) en formant et en déployant des espions qui soutiennent les insurgés et leurs sympathisants », accusait le porte-parole de l’armée.

L’ONG Amnesty International avait dénoncé une accusation « absurde », destinée à « intimider les organisations humanitaires internationales », et qui allait priver le Nigeria « de l’aide humanitaire dont ont besoin ceux dont la vie a été dévastée par le conflit avec Boko Haram ».