Près de 700 prêtres accusés d’agression sur mineur dans l’Illinois, aux Etats-Unis
Près de 700 prêtres accusés d’agression sur mineur dans l’Illinois, aux Etats-Unis
Le Monde.fr avec AFP
La justice de cet Etat estime que la plupart des accusations n’ont pas fait l’objet d’enquêtes appropriées par l’Eglise catholique.
Après la Pennsylvanie cet été, c’est au tour de l’Illinois d’être touché. L’ampleur du scandale des prêtres pédophiles ne cesse de croître aux Etats-Unis, où la justice a révélé mercredi 19 décembre que près de sept cents membres du clergé de l’Illinois avaient été accusés, sur plusieurs décennies, d’agression sur mineur.
La procureure de l’Illinois, Lisa Madigan, avait lancé une enquête en août dans cet Etat industriel du nord du pays, après la publication d’un rapport sur l’Eglise de Pennsylvanie qui avait suscité une onde de choc aux Etats-Unis. Depuis, ses services ont épluché les archives des six diocèses de l’Etat et leurs conclusions préliminaires sont tout aussi accablantes.
Les diocèses de l’Illinois ont rendu publics les noms de 185 prêtres visés par des accusations sérieuses, mais ils avaient été avisés d’« accusations contre au moins cinq cents prêtres supplémentaires », écrit Lisa Madigan dans un rapport d’étape. La plupart des cas n’ont pas fait l’objet d’enquêtes appropriées, ou n’en ont pas du tout fait l’objet, ajoute-t-elle, en regrettant que la justice n’ait pas été saisie. « L’Eglise catholique n’est pas capable de faire sa police elle-même », conclut Mme Madigan dans un communiqué au ton sévère pour l’institution religieuse.
Manque de « considération » et de « transparence »
Le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, a immédiatement fait acte de contrition dans un communiqué publié sur le site du diocèse. « Je tiens à redire les regrets profonds de toute l’Eglise pour notre échec à répondre au scandale des prêtres pédophiles », a-t-il écrit, en évoquant « la douleur inimaginable » des victimes.
Il a toutefois souligné que « la grande majorité des agressions avaient eu lieu il y a plusieurs décennies » et que son prédécesseur avait mis en place dès 1991 un « ensemble de procédures strictes pour protéger les jeunes des prédateurs ». L’archidiocèse s’est également vanté d’être « à la pointe de la réponse au scandale des abus sexuel dans l’Eglise depuis près de trois décennies ».
A en croire, le rapport de Mme Madigan, les diocèses de l’Illinois ont pourtant « manqué de considération pour les victimes » et de « transparence ». Et, assène-t-elle, « les accusations d’agression sexuelle sur mineur, même si elles remontent à de longues années, ne peuvent pas être considérées comme une question interne ».
L’Eglise américaine ébranlée
L’Eglise catholique états-unienne a été ébranlée par une série d’articles du Boston Globe en 2002 sur les abus commis par le clergé dans cette ville de l’est. Ces révélations, popularisées dans le film Spotlight, ont libéré la parole des victimes dans tout le pays. Depuis, de nombreux prêtres ont été exclus du clergé et poursuivis en justice. L’Eglise a aussi versé des sommes importantes pour dédommager les victimes.
Cet été, les services du procureur de Pennsylvanie ont porté un nouveau coup dur à l’Eglise, en détaillant les abus perpétrés par plus de trois cents prêtres prédateurs sur un millier d’enfants au cours de plusieurs décennies. Dans la foulée, l’archevêque de Washington, le cardinal Donald Wuerl, accusé d’avoir contribué à étouffer le scandale, a été contraint de démissionner. Des diocèses ont commencé à publier des listes noires et une dizaine d’Etats ont lancé des investigations pour mettre au jour les abus.
L’ordre des jésuites, qui gère de nombreux établissements scolaires aux Etats-Unis, s’est joint à cet effort de transparence en publiant depuis le début de décembre les noms de plus de deux cents prêtres « visés par des accusations crédibles » depuis les années 50.