Fred Chesneau dans « Les Paris du globe-cooker », saison 2, sur Canal+ à la demande et MyCanal. / XAVIER LAHACHE / CANAL+

LES CHOIX DE LA MATINALE

Pour ce dernier week-end des vacances, ne résistez pas à l’appel du canapé. En compagnie d’Audrey Hepburn, de Liberace, de Marie-Thérèse d’Autriche ou des chefs les plus originaux du moment, détendez-vous, cultivez-vous, instruisez-vous.

Intemporelle Audrey Hepburn

Largement chronologique, sobre, clair et illustré de larges extraits des principaux films d’Audrey Hepburn, le documentaire d’Emmanuelle Franc permet à celles et ceux qui ne la connaissent pas, ou mal, d’appréhender la vie de l’actrice. Les inconditionels pourront, eux, s’y replonger avec délice. Née en 1929 en Belgique, Audrey Hepburn est une petite fille pleine d’entrain, polyglotte et à l’éducation largement classique (danse en sus).

Elle doit ses premiers pas sur scène à l’écrivain Colette, tandis que William Wyler lui offre son premier grand rôle au cinéma dans Vacances romaines, qui lui vaut d’emblée l’Oscar de la meilleure actrice (1954). Sa carrière est lancée, et le monde découvre cette « drôle de frimousse » pour reprendre le titre français de la comédie musicale Funny Face (1957), de Stanley Donen, dans laquelle elle jouera au côté de Fred Astaire. Admirable dans Diamants sur canapé, La Rumeur, Charade, ou encore My Fair Lady, Audrey Hepburn fut aussi une femme à l’élégance et à la discrétion remarquables, comme le rappelle ce beau documentaire, notamment à travers une interview de son ami le couturier (et costumier) Hubert de Givenchy. Emilie Grangeray

Audrey Hepburn posant pour la promotion du film « Breakfast at Tiffany's », à New York, en 1961. / DONALDSON COLLECTION / MICHAEL

« Audrey Hepburn, le choix de l’élégance », documentaire d’Emmanuelle Franc (Fr., 2018, 54 min.). Arte à la demande jusqu’au 5 janvier, rediffusion le dimanche 6 janvier à 0H30.

Les Paris du globe-cooker

Deuxième saison pour Fred Chesneau, le « globe cooker » de Canal+ dont on connaissait les virées gustatives aux quatre coins de la planète, qui fait désormais un tour du monde des recettes et saveurs en restant à Paris, où il habite la moitié du temps (l’autre en Grèce, où, à Paros, il a ouvert un restaurant). D’abord, l’animateur et cuisinier est infiniment sympathique et l’on sent qu’il a lui-même beaucoup fréquenté les lieux qu’il présente au cours des émissions ; ensuite, il fait découvrir des gargottes improbables où l’on peut se régaler sans trop casser sa tirelire, ou des magasins de bouche grecs, libanais ou, pourquoi pas, serbes où l’on peut trouver de quoi pimenter et varier sa propre cuisine avec de nouveaux ingrédients.

Les diverses communautés culturelles sont abordées par le truchement d’étrangers devenus français ou de leurs enfants à qui ont été transmises des recettes traditionnelles, parfois savamment dévoyées comme le bouillon du phở de la jeune franco-vietnamienne Céline Pham qu’elle lie… au parmesan ! Fred Chesneau se fait inviter chez certains, met la main à la pâte et fait partager les usages d’une cuisine domestique simple et goûteuse. Renaud Machart

« Les Paris du globe-cooker », saison 2 (Fr., 2018, 6 x 52 min). Disponible sur Canal+ à la demande et MyCanal

Les Paris du Globe Cooker saison 2 - La bande-annonce
Durée : 00:47

Le monde de Liberace

Une chaîne YouTube a mis en ligne un vaste ensemble de films tournés par le documentariste britannique Tony Palmer (né en 1941), également metteur en scène de théâtre et d’opéra. Palmer, dont une large part du travail a trait à la musique classique et contemporaine (son premier film musical fut consacré à Benjamin Britten, en 1967, et il a réalisé un remarquable portrait de John Adams trente ans plus tard), a pour particularité de s’intéresser aussi à la culture populaire. Son film consacré au kitschissime pianiste et entertainer Liberace, The World of Liberace (1972) est extraordinaire : sans dialoguer avec lui, Palmer fait faire à Liberace le tour de ses maisons au décor croûlant sous des excès transcendant la notion de mauvais goût, de ses voitures (dont la fameuse Rolls plaquée de strass), de sa garde-robe ou tout existait en trois tailles, à la mesure de l’embonpoint fluctuant du gourmand qu’était le pianiste (que l’on voit d’ailleurs préparer des lasagnes dans sa cuisine).

Liberace sourit d’une bouche pleine de dents blanches comme le clavier de ses pianos et fait le show (il faut dire qu’il savait y faire, dialoguant avec son public de dames mûres folles de lui et de ses bijoux). Mais on sent derrière ces façades outrées et ces mines composées comme un abîme menaçant et il est pénible de voir ce « fils à maman » s’évertuer à cacher sa flamboyante homosexualité et à inventer de laborieux prétextes à son célibat. Car il ne fallait pas décevoir ni choquer les dames mûres du public... Choquées, elles le furent pourtant quand elles apprirent que leur idole en hermine devait mourir du sida en 1987. Renaud Machart

TONY PALMER / YOUTUBE

« The World of Liberace », film documentaire de Tony Palmer (en version originale non sous-titrée). Sur YouTube.

Marie-Thérèse, l’Autrichienne

Intrigues de cour, alliances contre nature, histoires de cœur et de pouvoir, cette production austro-hungaro-tchéco-slovaque, placée sous la direction du réalisateur Robert Dornhelm, plonge avec bonheur le téléspectateur au cœur du XVIIIe siècle, et plus précisément du palais de la Hofburg, à Vienne, centre névralgique de la maison des Habsbourg. Plus encore, ce téléfilm rend un bel hommage à une femme sortant de l’ordinaire : Marie-Thérèse d’Autriche.

Née et décédée à Vienne (1717-1780), surnommée de son vivant « la Grande », elle était, selon les mots de Voltaire, une femme « qui excelle dans l’utile et l’agréable .» Pour interpréter ce personnage complexe qui, sans renoncer à son rôle de mère et d’épouse, s’imposa comme une femme de pouvoir dans un univers de mâles peu enclins à perdre de leur influence, le choix de Marie-Luise Stockinger s’est révélé judicieux. La jeune comédienne (26 ans), membre de la prestigieuse troupe du Burgtheater de Vienne depuis 2015, incarne à merveille une Marie-Thérèse pleine de fougue mais aussi de doutes. Une belle réussite donc, à (re)voir. Alain Constant

Marie-Luise Stockinger, rôle titre dans  « Marie Thérèse d’Autriche» de Robert Dornhelm. / JULIE VRABELOVA / CESKA TELEVIZE

« Marie-Thérèse d’Autriche » de Robert Dornhelm (90 et 112 min). Disponible sur Arte + 7 à la demande