« Gilets jaunes » : 345 interpellations en France ce week-end
« Gilets jaunes » : 345 interpellations en France ce week-end
Par Elise Vincent, Yann Bouchez
Selon des chiffres communiqués au « Monde » par le ministère de l’intérieur, lundi matin, ces interpellations ont donné lieu à 281 gardes à vue.
A Rouen, le 5 janvier. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Les manifestations à l’initiative des « gilets jaunes », samedi 5 janvier, ont donné lieu à un certain nombre de débordements, dont quelques-uns ont largement été relayés sur les réseaux sociaux. Selon des chiffres communiqués au Monde par le ministère de l’intérieur, lundi 7 janvier au matin, 345 interpellations ont été recensées en France dont 281 ont donné lieu à des gardes à vue. Un bilan inférieur aux week-ends de décembre, mais en hausse par rapport au 29 décembre, alors que la participation avait aussi été en augmentation.
Ainsi, en fin d’après-midi samedi, la vidéo d’un boxeur au bonnet noir a circulé. Sur ces images, on peut voir un homme faire reculer à coups de poing des gendarmes mobiles. L’affrontement a eu lieu sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, à quelques dizaines de mètres du Musée d’Orsay. Les manifestants, très nombreux, tentaient alors de se diriger vers l’Assemblée nationale. L’homme qui ne portait pas de gilet jaune a aussi été filmé en train de rouer de coups de pied un autre gendarme à terre. Non masqué, il a rapidement été identifié.
De nombreuses sources ont reconnu Christophe Dettinger, un ancien boxeur professionnel et champion de France des lourds légers (moins de 90,7 kg) en 2007. Selon un de ses proches cité par L’Equipe, l’ancien sportif de 37 ans, qui a arrêté sa carrière en 2013, travaille pour la mairie de Brétigny (Essonne) et ne serait effectivement pas rentré dormir chez lui par la suite. Lundi matin, l’homme, activement recherché, n’avait pas encore été interpellé. Les deux gendarmes frappés sur la passerelle ont, pour leur part, porté plainte. L’un d’eux s’est vu prescrire quinze jours d’ITT, l’autre deux.
« On est passé pas loin du drame »
La journée a aussi été marquée par une intrusion à l’aide d’un engin de chantier au sein des locaux du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, rue de Grenelle, à Paris. Une intrusion vivement dénoncée par de nombreux responsables politiques. La capitale parisienne a par ailleurs été l’objet de plusieurs incendies, dont une péniche et quelques véhicules près des Champs-Elysées et sur le boulevard Saint-Germain. Ces violences ont donné lieu à 35 interpellations qui ont notamment débouché sur 21 classements sans suite, trois convocations devant la justice et deux comparutions immédiates qui devaient avoir lieu lundi.
Parmi les autres événements majeurs du 5 janvier, une caserne de gendarmerie a également été attaquée à Dijon par une trentaine de « gilets jaunes ». Les manifestants ont dégradé le grillage avant de pénétrer à l’intérieur. Ils ont ensuite lancé des panneaux de signalisation et divers projectiles. Une barre de fer a alors atteint un gendarme à la tête, qui a perdu plusieurs dents. « On est passé pas loin du drame », commente-t-on au siège de la gendarmerie. La brigade de recherche de Dijon a été saisie de l’enquête. Au total, au moins 25 interpellations ont eu lieu à Dijon ce samedi. A Montpellier, des manifestants ont de leur côté tenté de pénétrer à l’intérieur de la préfecture avant d’être repoussés.
L’inspection générale de la police nationale a, pour sa part, été saisie après la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux montrant un policier frappant plusieurs manifestants, à Toulon. Sur les séquences ayant circulé il est notamment possible de voir un officier de police frapper un homme plaqué contre un mur. Le policier a été vite identifié comme étant Didier Andrieux, commandant divisionnaire, récompensé par la Légion d’honneur le 1er janvier. Le parquet de Toulon, de son côté, a indiqué que le manifestant frappé « faisait partie d’un groupe d’une cinquantaine de casseurs qui avaient dégradé des voitures dans les minutes précédant la vidéo ».
Plusieurs syndicats de police ont vivement réagi, samedi, à la suite des débordements. Le syndicat Alliance, influent chez les gardiens de la paix, a réclamé la création d’« un fichier des individus violents lors des manifestations ». Ceux-ci seraient ensuite interdits dans les cortèges, « sur le modèle des interdits de stade ». Une mesure qui ne fait toutefois pas l’unanimité. Le syndicat Alternative Police CFDT a, quant à lui, indiqué, dimanche, que « la création d’un nouveau fichier administratif des manifestants violents [était] inutile et contre-productive ». Des mesures concernant l’encadrement des manifestations devraient être annoncées par le premier ministre, Edouard Philippe, d’ici au 8 janvier.
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