Un avion au sol à l’aéroport britannique de Heathrow, mardi 8 janvier. / HENRY NICHOLLS / REUTERS

Heathrow, le principal aéroport du Royaume-Uni, a été bloqué durant une heure, mardi 8 janvier, après le signalement d’un drone volant à proximité des pistes de l’aéroport. Les vols ont rapidement repris, mais l’incident fait suite au blocage quasi total de l’aéroport de Gatwick, près de Londres, entre le 19 et le 21 décembre. Une cinquantaine de témoignages affirmant qu’un ou plusieurs drones évoluaient autour de l’aéroport avaient conduit les autorités à annuler le départ d’un millier de vols, quelques jours avant le réveillon de Noël.

  • Où en est l’enquête sur le blocage de Gatwick ?

L’enquête semble au point mort. Deux jours après le blocage de l’aéroport, la police britannique a interpellé un couple de pilotes de drones amateurs, qui ont été rapidement mis hors de cause. Entre-temps, leurs noms et photographies avaient été publiées par la presse à scandale – le Mail on Sunday avait publié leur photo en « une », sous le titre : « Est-ce que ce sont les deux crétins qui ont ruiné Noël ? » Le couple avait été dénoncé par un voisin mécontent.

Malgré plusieurs dizaines de témoignages, un déploiement policier important, un appel à témoignages, doté d’une récompense de plus de 60 000 euros, et l’aide d’unités de l’armée, aucune autre arrestation n’a eu lieu. La police du Sussex, où se situe l’aéroport, a multiplié fin décembre les déclarations contradictoires. L’un des responsables de l’enquête avait affirmé fin décembre ne pas pouvoir écarter l’hypothèse qu’il n’y ait jamais eu de drone autour de l’aéroport, avant d’être vivement contredit par sa hiérarchie.

  • Les drones représentent-ils vraiment un danger pour les avions ?

Même lorsqu’ils sont de petite taille, les drones représentent un danger pour les avions, plus particulièrement au moment du décollage. Ils peuvent notamment être aspirés par les turbines et bloquer le fonctionnement des moteurs. De manière plus indirecte, les aéroports interdisent, pour raisons de sécurité, de filmer ou de prendre des photographies de leurs activités – ce pour quoi sont faits de nombreux drones.

  • Que dit la législation britannique ?

Comme en France et dans la quasi-totalité des pays, la loi interdit de faire voler des drones à proximité des aéroports, autour des prisons, des sites militaires ou des centrales électriques. Après le blocage de Gatwick, le gouvernement britannique a interdit une série de nouvelles mesures : la police aura désormais le pouvoir de verbaliser directement les pilotes de drone, les zones interdites de vol autour des aéroports ont été étendues à cinq kilomètres, et les opérateurs d’engins volants excédant un certain poids devront s’enregistrer – une mesure similaire à celle entrée en vigueur en France fin décembre.

Ces mesures de sécurité sont plutôt classiques, mais comme le note The Register, elles n’auraient rien changé à ce qui s’est passé à Gatwick et à Heathrow. Dans les deux cas, les signalements ont eu lieu dans une zone où la loi interdisait déjà de faire voler un drone.

  • Existe-t-il des outils antidrones efficaces ?

L’aéroport de Gatwick a annoncé fin décembre avoir débloqué plus de cinq millions d’euros pour s’équiper d’une technologie antidrone, sans préciser laquelle. Plusieurs entreprises proposent différents types d’outils, qui visent soit à abattre des aéronefs, soit à brouiller les communications entre le drone et son opérateur, et dont l’efficacité est sujette à débat.

L’armée britannique a investi l’an dernier dans une solution développée par une entreprise, mais a expliqué n’avoir pas encore reçu les équipements en question. L’armée de l’air britannique a dit avoir eu recours à une autre technologie fin décembre à Gatwick, là encore sans préciser laquelle.

  • Ce qui s’est déroulé en Angleterre est-il exceptionnel ?

Le bocage de Gatwick était exceptionnel de par sa durée, mais les problèmes mineurs de trafic aérien liés à des drones sont courants – et dans la plupart des cas sans gravité. En 2017, une centaine de cas de collision évitées entre des avions et des drones ont été signalés au Royaume-Uni.

En France, les incidents les plus marquants ces dernières années ont principalement concerné des survols de centrales nucléaires. En 2018, l’organisation écologiste Greenpeace avait fait voler des drones à proximité de la centrale de Bugey, dans le cadre d’une opération visant à dénoncer les conditions de sécurité du parc nucléaire.