Nintendo annonce deux millions de Switch vendues en France
Nintendo annonce deux millions de Switch vendues en France
Par Corentin Lamy
Le directeur de Nintendo France a fait un bilan enthousiaste de l’année 2018 pour son entreprise, marquée par le carton de la Switch, la fin de carrière de la 3DS, et l’arrivée du « Nintendo Labo ».
Avec plus d’un million de machines vendues en France en 2018, Nintendo est-il sur le toit du monde ? / Nintendo
1,1 million de Switch écoulées en 2018 (pour un total de 2 millions depuis son lancement en mars 2017), et dix jeux parmi les plus gros succès de l’année : la dernière console Nintendo, la machine de jeux la plus vendue en France l’année passée, va bien, selon les chiffres fournis par le constructeur.
Un bon score dont se félicite Philippe Lavoué, directeur de Nintendo France, qui reconnaît que « Noël était un peu compliqué pour les partenaires, les boutiques spécialisées et les hypermarchés ». Sans citer le mouvement des « gilets jaunes », devant la presse réunie mercredi 9 janvier, il rappelle que les dernières semaines de l’année, traditionnellement les plus propices à l’industrie du jeu vidéo, ont donné lieu à des blocages et à des fermetures de magasins qui ont pu être préjudiciables à Nintendo.
Les anciens jeux continuent de se vendre
« Environ un quart des jeux vidéo » vendus en boutique en 2018 étaient édités par Nintendo, a également annoncé Philippe Lavoué. Ainsi, parmi les vingt meilleures ventes de l’année dans l’Hexagone, dix sortent des studios de Nintendo. Mario Kart 8 Deluxe, troisième meilleure vente de l’année, est devenu le premier jeu Switch a dépassé le million d’exemplaires vendus en France. « Tous nos jeux sortis à la fin de l’année ont dépassé la barre des 400 000 exemplaires vendus », selon M. Lavoué.
Un an et demi après sa sortie, « Mario Kart 8 Deluxe » demeure parmi les jeux les plus populaires. C’est la troisième meilleure vente de 2018. / Nintendo
Dans le reste du classement, des jeux nouveaux (Super Mario Party, Pokémon Let’s Go, Super Smash Bros. Ultimate, pourtant sorti quatre semaines seulement avant la fin de l’année), une réédition d’un jeu initialement sorti en 2014 sur Wii U (Donkey Kong Country : Tropical Freeze), ainsi que des jeux Switch disponibles depuis 2017 et qui continuent de se vendre malgré tout (Super Mario Odyssey, Splatoon 2, The Legend of Zelda, 1-2-Switch).
Pas de trace en revanche de Nintendo Labo, l’étrange jeu-jouet hybride lancé en grande pompe en avril 2018 (et considéré par « Pixels » comme l’un des meilleurs jeux de l’année), cruellement absent des classements des meilleures ventes 2018.
« Ce n’est pas une déception du tout, se défend Philippe Lavoué. Pour nous, c’est davantage un jouet qu’un jeu vidéo, et la volumétrie de Nintendo Labo en ferait un des meilleurs jouets », si on comparait ce kit interactif de jouets en carton, selon lui, au Monopoly par exemple.
Lancé en grande pompe l’an dernier, « Nintendo Labo » ne s’inscrit pas dans le classement des jeux les plus vendus de l’année. / Corentin Lamy / Le Monde
Un destin comparable à celui de la DS ?
Optimiste, Philippe Lavoué prévoit encore « une forte progression en 2019 ». Selon Nintendo France, la Switch a touché pendant sa première année de commercialisation un public pointu, et connaît à présent une phase d’accélération de ses ventes consécutive de son ouverture au grand public.
« Un public très rationnel, qui en veut pour son argent. Des jeux plus familiaux, comme Mario Party et Pokémon Let’s Go, nous ont permis de commencer à convaincre ces joueurs. »
Il y a un an, le même M. Lavoué se prenait à rêver que la console atteigne un jour, comme son aînée, les 6,5 millions d’exemplaires vendus. Aujourd’hui, prudent, il rappelle : « On est dans un environnement hyperdynamique, la concurrence ne sera pas sans répondre et le contexte économique peut jouer. Mais il faut garder des objectifs ambitieux. »
Au point qu’il considère « fort possible » que la Switch, mi-console de salon (on peut y jouer sur sa télévision), mi-console portable (elle est équipée d’un écran qui permet d’y jouer n’importe où), puisse connaître un destin comparable non pas à celui de la Wii, mais à celui des gammes de consoles DS puis 3DS, qui en sont à quatorze ans d’exploitation, pour 17 millions de machines vendues en France.
« Pokémon Let’s Go », version modernisée (et simplifiée) du premier épisode de la série, avait cette année pour mission de satisfaire un large public. / Nintendo
La 3DS décline
La 3DS, à ce sujet, l’autre machine actuellement commercialisée par Nintendo, montre cependant des signes d’essoufflement : 254 000 exemplaires ont été vendus en France en 2018, contre 507 000 en 2017. « Elle reste la troisième console du marché », rappelle Philippe Lavoué, qui reconnaît « qu’on est effectivement entré dans la phase de maturité plutôt déclinante de la console ».
D’ailleurs, seuls deux jeux Nintendo pour 3DS figurent actuellement au planning : Mario & Luigi : Voyage au Centre de Bowser (prévu pour le 25 janvier) et Kirby : Au fil de la grande aventure (8 mars), deux rééditions de titres déjà sortis sur d’autres supports. Est-ce à dire que Kirby sera l’ultime jeu Nintendo de la 3DS ? « Non ! Pourquoi vous dites ça ? » feint de s’étonner M. Lavoué.
En ligne, un catalogue fourni (et fouillis ?)
Il n’y a pas que les boutiques dans la vie : Nintendo France se félicite aussi de voir grossir le catalogue de jeux dématérialisés, téléchargeables directement sur la console, même si l’entreprise ne communique pas directement de chiffres de vente.
Un chiffre en revanche est connu, et fait grincer des dents : celui du (trop grand ?) nombre de sorties, qui ferait de la boutique en ligne de Nintendo une véritable jungle pour les développeurs. A titre d’exemple, 117 jeux, de qualité très variable, y sont sortis le mois dernier.
« Je ne saurais pas apprécier si c’est trop ou pas », botte en touche Philippe Lavoué. « Ce qu’on m’a rapporté, c’est que ça nuisait un peu à la visibilité des titres, semble-t-il. On est un peu victime de notre succès ». S’il reconnaît que Nintendo doit rester « vigilant » quant à l’ergonomie de sa boutique en ligne, il maintient que « la demande existe » pour ces jeux indépendants.
Un démarrage compliqué pour le jeu mobile
Grand absent du bilan 2018 de Nintendo France : la part du jeu vidéo sur téléphone mobile. On sait que l’an dernier il ne représentait que 3 % du chiffre d’affaires de Nintendo.
Les jeux mobiles de Nintendo n’ont jusqu’à présent pas réitéré l’exploit du « Pokémon Go » de Niantic. / KIM KYUNG-HOON / REUTERS
Un an après, si Fire Emblem Heroes continue d’exister (en France, il se hisse péniblement à la 47e place des applications les plus rentables sur Google Play), Animal Crossing : Pocket Camp (276e) et Super Mario Run (402e) semblent bien être des échecs.
Pas de commentaire de Philippe Lavoué, qui dit « ne pas surveiller régulièrement les chiffres ». Quid de la feuille de route « de trois jeux mobiles par an », dont parlait encore Nintendo France il y a un an ? « Je ne sais pas, répond M. Lavoué. Il faut que je me rapproche du Japon pour connaître le programme pour 2019. »
Calendrier de sortie des jeux Switch
11 janvier : New Super Mario Bros. U Deluxe
18 janvier : Travis Strikes Again : No More Heroes
29 mars : Yoshi’s Crafted World
Printemps : Fire Emblem : Three Houses
Plus tard en 2019 : Animal Crossing, Pokémon, Luigi Mansion 3, Dragon Quest Builders 2, Town, Daemon × Machina, Marvel : Ultimate Alliance 3, etc.