Des manifestants défilent à Tunis, le 17 janvier 2019, pour réclamer des augmentations de salaire. / Zoubeir Souissi / REUTERS

Une grève générale inédite touchant tous les services publics a débuté jeudi 17 janvier en Tunisie à l’appel de la puissante centrale syndicale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), qui réclame des augmentations de salaire dans un contexte politique tendu en ce début d’année électorale. A travers le pays, les écoles publiques étaient fermées, les transports en commun paralysés et les vols de la compagnie aérienne nationale Tunis Air perturbés.

Les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques, représentant près d’un quart de la population active, étaient appelés à se rassembler devant leurs bureaux à travers le pays. Un rassemblement est prévu dans la matinée devant le siège de l’UGTT à Tunis.

Le syndicat réclame des augmentations de salaires plus importantes que les 70 dinars (20 euros) pour 2019 et 110 dinars (32 euros) pour 2020 proposés par le gouvernement, soulignant la baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation, qui a atteint 7,5 % en 2018. Le salaire brut moyen d’un fonctionnaire est de 1 580 dinars (464 euros), selon le dernier rapport officiel pour 2016.

Un chômage persistant au-dessus de 15 %

Le premier ministre Youssef Chahed a assuré dans un discours télévisé mercredi soir que l’état des finances publiques ne permettait pas d’accepter les demandes de l’UGTT, ajoutant que le dialogue se poursuivrait après cette grève de 24 heures. Le gouvernement a exigé dans un décret publié in extremis mercredi que certaines organisations publiques, dont des compagnies de transport, d’eau et d’électricité, assurent un service minimum.

Une grève concernant la fonction publique avait été très suivie en novembre 2018, la première mobilisation de cette ampleur depuis deux grèves générales en 2013 en réaction aux assassinats de deux opposants.

La grève de jeudi est la première de ce type, touchant à la fois la fonction publique et les entreprises publiques, selon l’UGTT et des historiens. Elle intervient alors que le débat politique s’est crispé ces derniers mois à l’approche des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019, dans lesquelles l’UGTT souhaite peser.

Malgré les avancées de la transition démocratique après la chute du président Zine El-Abidine Ben Ali en 2011, et une reprise de la croissance après des années de marasme, la Tunisie peine à répondre aux attentes sociales de la population. L’inflation, alimentée notamment par la chute du dinar, et le chômage persistant au-dessus de 15 %, alimentent un mécontentement qui se traduit par des heurts ponctuels notamment en janvier, et une série de mobilisations sociales.

Les bailleurs de fonds qui maintiennent la Tunisie à flot appellent à ralentir l’endettement de l’Etat et à diminuer le poids de la fonction publique dans le PIB, qui atteint 14 %, l’un des taux les plus élevés de la région. Le pays a obtenu en 2016 du Fonds monétaire international (FMI) un prêt de 2,4 milliards d’euros sur quatre ans, en promettant de mener de vastes réformes.

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