Football : en dix ans, les recettes des clubs français ont progressé de 6 milliards d’euros
Football : en dix ans, les recettes des clubs français ont progressé de 6 milliards d’euros
Par Rémi Dupré
Un rapport financier de l’UEFA souligne le boom économique du football européen – hausse de 77 % des recettes des clubs entre 2008 et 2017 –, mais aussi les grandes disparités entre équipes européennes.
Le PSG figure au sixième rang du top 20 des clubs européens aux salaires les plus « généreux », avec 272 millions d’euros en 2017. / KARIM JAAFAR / AFP
C’est un document d’une centaine de pages qui met en lumière le boom économique du football européen, l’explosion des revenus des clubs, mais aussi les grandes disparités entre eux. Le dixième rapport financier et de benchmarking de l’UEFA se focalise sur sept cents équipes du Vieux Continent et souligne les grandes tendances macroéconomiques sur une décennie, de la période de « récession mondiale de 2008-2009 » à la fin de l’année 2017.
Des clubs nettement plus bénéficiaires
La Confédération y vante les mérites du fair-play financier, ce mécanisme introduit en 2010 par Michel Platini, ex-président de l’UEFA (2007-2015), en vertu duquel les formations européennes ne doivent pas dépenser plus qu’elles ne gagnent, sous peine de sanction.
Alors qu’ils cumulaient 1,7 milliard d’euros de dettes en 2011, les clubs de l’élite ont affiché un bénéfice net de 615 millions d’euros, « après transferts, activités hors exploitation, financement, impôts et cession d’actifs », en 2017. Ainsi vingt-huit championnats européens (un record) peuvent se prévaloir de bénéfices cette année-là. Ils n’étaient que neuf en 2011.
Des recettes qui progressent plus vite que les salaires
Ce panorama montre que les recettes des clubs de l’élite ont progressé de 77 % : elles passent de 11,4 milliards d’euros en 2008 à 20,1 milliards neuf ans plus tard, avec une hausse « historique » de 1,6 milliard en 2017.
« Ces trois dernières années, les clubs européens ont généré plus de 4 milliards d’euros de bénéfices d’exploitation, ce qui explique la récente augmentation des dépenses de transfert », indique le rapport de l’UEFA. Selon l’instance, « ces cinq dernières années, la croissance des recettes des clubs européens a, pour la quatrième fois, dépassé celle des salaires, avec un taux de 8,9 % pour les recettes contre 6,7 % pour les salaires ».
« Il s’agit d’un net renversement de tendance par rapport à avant 2012, où les salaires augmentaient plus vite que les recettes chaque année », affirment les experts de la Confédération. Les dépenses de transfert ont, par ailleurs, progressé de 95 % « en à peine trois ans » et les prix des joueurs ont presque doublé.
Des richesses de plus en plus concentrées
Le rapport de l’UEFA met aussi en avant les inégalités grandissantes et le phénomène de concentration des richesses : 60 % des dépenses de transfert européennes (un record) ont transité entre les 98 clubs des championnats du top 5 (Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne, France), contre 43 % cinq ans auparavant.
Leader économique du Vieux Continent, la Premier League anglaise a, elle, connu une hausse de ses recettes de 47 % en livre sterling. « Seuls Barcelone, la Juventus et le Real Madrid ont perçu plus de recettes, grâce aux droits télévisés, que le vingtième club de Premier League », lit-on dans le rapport.
La Ligue 1 à la cinquième place pour les recettes
Cinquième puissance du football européen, la Ligue 1 française est passée au crible par les rapporteurs de l’UEFA. Selon eux, les recettes des clubs de l’élite hexagonale ont progressé de 6,3 milliards d’euros en dix ans.
En revanche, « la part de la France aux recettes des premières divisions européennes a légèrement diminué au cours de la décennie couverte par le rapport, passant de 9 % en 2008 à 8 % en 2017, alors que d’autres championnats ont bénéficié d’une accélération de leur croissance ».
Les clubs de Ligue 1 ont généré 1,6 milliard d’euros de recettes cumulées en 2017, prenant la cinquième place derrière la Serie A italienne (2,2 milliards), la Bundesliga allemande (2,8), la Liga espagnole (2,9) et la Premier League (5,3 milliards).
Si l’endettement net des clubs français « s’est creusé de 13 % » (634 millions d’euros) en 2017 et « se maintient à un taux comparable au ratio européen de 34 % entre endettement net et recettes », quinze clubs français ont affiché des bénéfices effectifs en 2017 (contre quatorze l’année précédente).
Avant même l’ouverture du nouveau cycle (2020-2024) qui coïncidera avec l’envol des droits télévisés de la Ligue 1 (1,15 milliard d’euros annuel), « les clubs français ont profité d’une hausse des recettes TV extrêmement forte de 23 % en 2017, qui marquait la première année du nouveau cycle de droits de diffusion nationale (2016-2020, pour 726,5 millions d’euros annuels). »
L’effet du fair-play financier
Les rapporteurs de la Confédération estiment que le « fair-play financier a joué un double rôle important dans l’amélioration des bilans des clubs, d’une part en limitant les lourdes pertes, d’autre part en exigeant des propriétaires qu’ils injectent régulièrement des capitaux au lieu de laisser les prêts à des conditions favorables s’accumuler au fil des ans ».
Selon l’UEFA, les clubs français ont « déclaré une augmentation des fonds propres et des capitaux de 435 millions d’euros durant cette dernière décennie, une progression nettement inférieure aux quatre autres principaux championnats européens ».
Par ailleurs, le marché des transferts nationaux français est le « sixième marché le plus important, avec des dépenses (1,45 milliard d’euros pour ces dix dernières années) représentant à peine plus que les montants investis par des clubs de Premier League dans des joueurs de clubs français (1,26 milliard), mais nettement moins que les dépenses liées aux transferts nationaux des clubs italiens (4,2 milliards) et anglais (5 milliards) ».
Les joueurs français ont fait l’objet d’indemnités de transfert à hauteur 3,7 milliards d’euros ces dix dernières années et occupent « la deuxième position derrière les joueurs brésiliens ».
La « prédominance financière » du PSG version qatarie
En 2017, les clubs de Ligue 1 ont affiché, comme l’année précédente, « la cinquième masse salariale moyenne la plus importante (1,15 milliard d’euros) ». Celle du Paris-Saint-Germain « est 4,9 fois supérieure à la moyenne du championnat de France » et « ce ratio montre la prédominance financière du club au niveau national ».
Le PSG version Qatar Sports Investments (QSI) est sixième du top 20 des clubs aux salaires les plus « généreux », avec 272 millions d’euros en 2017. Le club de la capitale rétribue nettement moins ses joueurs que le Real Madrid (406 millions), le FC Barcelone (378 millions) ou Manchester City (334 millions).
Loin du trio de tête constitué de Manchester United (676 millions d’euros), du Real Madrid (675 millions) et du FC Barcelone (588 millions), le PSG figure au sixième rang du top 30 des clubs européens « en termes de recettes » (503 millions, avec des pertes de 39 millions d’euros par rapport à 2016).
A ce palmarès, l’équipe de la capitale devance largement l’Olympique lyonnais, classé au 21e échelon (198 millions). C’est dire le gouffre qui sépare l’ogre parisien des autres écuries de la Ligue 1.