L’entraîneur allemand du PSG, Thomas Tuchel, à Doha. / KARIM JAAFAR / AFP

Mercredi 16 janvier, 18 h 48. Un communiqué envoyé par le service communication du Paris-Saint-Germain met le milieu du football en émoi : « Le PSG, premier club de sport au monde à participer à une course traditionnelle de dromadaires. » Branle-bas de combat dans les rédactions. Le club parisien vient d’entrer dans l’histoire des compétitions de camélidés. Pendant cinq jours, le PSG a ainsi honoré sa traditionnelle tournée à Doha, la bien nommée Qatar Winter Tour, et communiqué sur chacune des étapes de son escapade qatarie.

Courses de dromadaires donc, mais aussi séances de dédicaces, tournages de publicités, inauguration du nouveau métro de la capitale de l’émirat… Alors que plusieurs clubs de Ligue 1 étaient sur le front en milieu de semaine pour disputer les matchs reportés en décembre suite à la mobilisation des « gilets jaunes », les joueurs du PSG entreprenaient un long voyage (en classe affaires) pour crapahuter dans le désert et respecter ses engagements commerciaux.

Un déplacement effectué avec la bénédiction de la Ligue de football professionnel (LFP). Comme cela ne coûte jamais rien de demander, le PSG avait suggéré de différer son match contre Montpellier afin de prendre le chemin de Doha. La réponse positive de la LFP avait provoqué une vive polémique en France sur la légitimité de placer les intérêts financiers d’un club au-dessus de ceux du football français. Mais aussi soulevé des interrogations sur la façon de préparer les prochaines échéances sportives des joueurs de Thomas Tuchel.

Justifier son contrat de sponsoring, promouvoir le Qatar

A défaut de parfaire la condition physique de ses joueurs, l’objectif de cette tournée était double pour le PSG : justifier le contrat à 215 millions d’euros signé par le club avec son principal sponsor, le Qatar Tourism Authority (QTA), indispensable pour entrer dans les clous du fair-play financier, et dévalué à 100 millions puis 58 millions par l’Instance de contrôle financier des clubs (ICFC). Et promouvoir le Qatar, son généreux propriétaire. « Je pense qu’ils [les Qataris] investissent pas mal dans les infrastructures, dans la modernité du club et dans les joueurs en général, transferts et autres. Nous, ce qu’on peut leur rendre, c’est un peu de visibilité, un peu de promotion », a ainsi résumé l’international belge Thomas Meunier.

Avec des Neymar et Mbappé dans ses bagages, le PSG attire les journalistes du monde entier. L’occasion idéale de faire l’article pour la Coupe du monde organisée par l’émirat en 2022. « Par sa notoriété, son prestige et son talent, le PSG attire beaucoup d’attention. Je pense que le Qatar souhaite bénéficier effectivement de cela, à juste titre compte tenu de l’effort qu’il met lui-même dans le soutien à ce club », a admis à l’AFP l’ambassadeur de France au Qatar, Franck Gellet, invité à l’entraînement ouvert au public, mardi, au Khalifa Stadium.

Pas la meilleure manière pour les Parisiens de préparer la rencontre de samedi face à Guingamp, son tombeur surprise en Coupe de la Ligue, le 9 janvier. « Le Qatar, c’était très bien, mais on a vraiment fait beaucoup de choses avec les joueurs, beaucoup de rendez-vous pour le marketing », a déploré l’entraîneur Thomas Tuchel vendredi en conférence de presse, tout en s’empressant d’ajouter, sans vraiment convaincre, que son groupe avait également effectué « beaucoup d’entraînements de bonne qualité ».

Dans un championnat qui lui est déjà acquis, la marge du PSG est telle (13 points d’avance sur Lille, malgré deux matchs en moins) que le résultat face à Guingamp ne porte pas à conséquence pour la quête d’un nouveau titre. En revanche, le match aller contre Manchester United en huitième de finale de Ligue des champions arrive assez vite (12 février) et le coach allemand n’aurait pas boudé une semaine complète d’entraînement au camp des Loges.

Mercato et cas Rabiot

En coulisses et entre deux visites, les dirigeants s’activent encore pour dénicher le milieu de terrain, ce chaînon manquant depuis la retraite de Thiago Motta en juin dernier. Comme on prête beaucoup aux riches, les noms défilent et varient selon les médias. En début de semaine, L’Equipe évoquait un accord en vue avec l’ancien lillois Idrissa Gueye, aujourd’hui à Everton. Le Parisien laissait entendre que le Borussia Dortmund aurait ouvert la porte à un départ de Julien Weigl (ancien protégé de Tuchel) contre un virement de 25 millions d’euros. De son côté, RMC a fait état d’un accord entre le PSG et l’Argentin Leandro Paredes (Zenith Saint-Petersburg). Un temps certain de rejoindre le FC Barcelone, le très courtisé Frenkie De Jong (Ajax Amsterdam) serait proche de rejoindre Paris cet été, selon les médias catalans.

Dans ce tourbillon de rumeurs propre au mercato, une seule certitude : le temps presse pour le PSG à ce poste de milieu de terrain. Ce vendredi, une nouvelle étape a été franchie dans la longue et douloureuse procédure de divorce avec Adrien Rabiot, indésirable depuis son refus de prolonger son contrat avec son club formateur, et annoncé avec insistance du côté du FC Barcelone.

Selon L’Equipe, l’international, absent de la tournée au Qatar pour raisons personnelles, s’est entraîné ce vendredi matin avec l’équipe réserve du club. Alors que la charte du football français stipule qu’un joueur doit s’entraîner avec ses coéquipiers habituels, cette situation est-elle amenée à perdurer ? La jurisprudence du cas Ben Arfa, qui avait attaqué le club après avoir été placardisé, devrait amener les dirigeants à plus de prudence dans la gestion déjà délicate du cas Rabiot. La course de dromadaires semble déjà bien loin.