Ouvert en 1999 sur le site d’une ancienne mine de potasse, Stocamine devait contenir 320 000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs. / SEBASTIEN BOZON / AFP

Les déchets industriels dangereux enterrés dans le centre de stockage de Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin) resteront enfouis, selon un document du ministère de la transition écologique consulté par l’AFP lundi 21 janvier et qui prend le contrepied d’un rapport parlementaire publié en septembre 2018.

« Compte tenu des enjeux, de la balance des risques » et du « surcoût » lié au déstockage, « la solution la plus adaptée demeure la poursuite du chantier de confinement des déchets restants, sans déstockage supplémentaire », indique le document adressé aux députés, auteurs du rapport parlementaire qui préconisait l’évacuation de plus de 40 000 tonnes de déchets dangereux non radioactifs.

« La poursuite du déstockage présenterait (...) des risques qui apparaissent plus graves que la poursuite du confinement déjà prévu, sans être assurée d’être menée à bien », indique de son côté la préfecture du Haut-Rhin dans un communiqué publié sur Twitter.

« Une décision scandaleuse »

L’un des coauteurs du rapport parlementaire qui préconisait l’extraction des déchets, le député La République en marche (LREM) du Haut-Rhin, Bruno Fuchs, a condamné « sans réserve » cette décision prise sans aucune concertation, qui « va à l’encontre de l’esprit du Grand Débat national ».

« Je désapprouve vivement cette décision brutale », a renchéri l’autre rédacteur du rapport, le député Les Républicains (LR) du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger. Ajoutant sur Twitter que François de Rugy « prend une décision scandaleuse pour la confiance envers l’Etat et la sérénité environnementale et sanitaire de l’Alsace ».

Risques de pollution de la nappe phréatique

Ouvert en 1999 sur le site d’une ancienne mine de potasse, Stocamine devait contenir 320 000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs (de classes 1 et 0).

Mais un incendie en 2002 a stoppé de fait son activité. Depuis, la polémique était incessante sur le devenir des 44 000 tonnes de déchets qui avaient déjà été enfouies à 500 mètres sous terre, du fait de la présence potentielle de déchets non autorisés et des risques de pollution de la nappe phréatique d’Alsace.

Le déstockage des déchets était réclamé par les élus locaux et les associations environnementales, mais en mars 2017, l’Etat avait opté pour la solution opposée du confinement définitif d’environ 42 000 tonnes de déchets. Les 2 200 tonnes restantes contenant notamment du mercure devaient être extraites.

Un an plus tard, en avril 2018, le ministre de la transition écologique de l’époque, Nicolas Hulot, avait néanmoins demandé une « étude sur la faisabilité d’un déstockage intégral des déchets », à l’exception du bloc où avait eu lieu en 2002 l’incendie qui avait de fait stoppé l’activité du site.

L’Etat a pris « la pire des décisions », a tempêté dans un communiqué Loïc Minery, porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Alsace, qualifiant le site Wittelsheim, près de Mulhouse, de « poubelle toxique de l’Alsace ».

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Dans les entrailles d'un site de stockage de déchets hautement toxiques