Objectif Lune : l’Europe veut étudier la possibilité d’une mission avant 2025
Objectif Lune : l’Europe veut étudier la possibilité d’une mission avant 2025
Le Monde.fr avec AFP
L’objectif de cette mission serait l’exploitation d’un minerai permettant d’envisager une présence humaine autonome sur la Lune et de produire le carburant nécessaire à des missions d’exploration plus lointaines.
(FILES) In this file photo taken on January 30, 2018, a person poses for a photo as the moon rises over Griffith Park in Los Angeles, California. The space agencies of the United States and China are in touch and coordinating efforts on Moon exploration, NASA said on January 18, 2019, as it navigates a strict legal framework aimed at preventing technology transfer to China. / AFP / Robyn Beck / ROBYN BECK / AFP
L’Europe pourrait aller sur la Lune. L’Agence spatiale europénne (ESA) a confié à la société de lanceurs ArianeGroup une étude sur la possibilité de s’y poser avant 2025, ce qui constituerait une première pour le continent et pourrait préfigurer une présence humaine autonome.
« Je suis convaincu que la conquête de l’espace est essentielle pour l’avenir de l’humanité en général. L’Europe doit y tenir sa place », a déclaré André-Hubert Roussel, à la tête d’ArianeGroup. « Le retour sur la Lune est possible », a-t-il ajouté, alors que 2019 marque le cinquantième anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune. « L’ESA ambitionne d’ailleurs de s’y poser et pourquoi pas d’en faire un avant-poste pour l’exploration future. »
ArianeGroup a signé dans cette perspective un contrat avec l’ESA pour « étudier la possibilité d’aller sur la Lune avant 2025 ». L’objectif de cette mission serait « l’exploitation du régolithe, un minerai duquel il est possible d’extraire eau et oxygène, permettant d’envisager une présence humaine autonome sur la Lune et aussi de produire le carburant nécessaire à des missions d’exploration plus lointaines », selon un communiqué du groupe.
Course à l’espace
Une telle mission serait une première pour l’Europe, même s’il ne s’agit pas encore d’envoyer des hommes sur la Lune. Les premiers pas de l’homme sur la Lune remontent à 1969, avec Neil Armstrong, puis Buzz Aldrin lors de la mission Apollo 11. Ce défi avait été lancé par le président John Fitzgerald Kennedy en 1961, alors que les Etats-Unis et l’Union soviétique étaient engagés dans une course à l’espace.
Seuls trois pays ont envoyé des engins qui se sont posés à la surface de la Lune, située à quelque 384 000 kilomètres de la Terre : la Russie, les Etats-Unis et la Chine. Pékin, notamment, a fait alunir début janvier un engin sur la face cachée et encore inexplorée de la Lune. Il s’agissait d’une première mondiale, qui a confirmé son statut de puissance spatiale. Les Etats-Unis et la Russie, mais aussi l’Inde ou Israël sont également dans la course – y compris, pour certains projets, en coopération internationale.
Pour l’Europe, souvent considérée comme trop timide en la matière, il s’agit d’affirmer ses ambitions spatiales et de préserver son accès à l’espace, mais aussi de faire progresser la science. Le patron de l’ESA, Jan Woerner, avait proposé en 2015 de remplacer la Station spatiale internationale (ISS) en orbite autour de la Terre par un « village lunaire » permanent.
Ressources lunaires
Cette étude confiée à ArianeGroup « fait partie du plan global de l’ESA pour faire de l’Europe un partenaire majeur au niveau mondial dans le domaine de l’exploration dans la prochaine décennie », a déclaré David Parker, le directeur de la branche exploration humaine et robotique à l’ESA. Ce plan sera présenté à la fin de l’année lors de la réunion Space 19 +, qui réunit le conseil de l’ESA au niveau ministériel.
« L’utilisation des ressources spatiales pourrait se révéler la clé d’une exploration durable de la Lune », a ajouté M. Parker. Les ressources lunaires vont du basalte à l’hélium 3, un isotope rare sur notre planète mais commun sur l’astre, qui pourrait théoriquement être utilisé pour générer de l’énergie pour la Terre. Mais la cible principale des chercheurs reste d’arriver à exploiter l’eau enfermée dans la glace des pôles de la Lune : elle peut être séparée en hydrogène et en oxygène, deux gaz qui, mélangés, peuvent alimenter le moteur des fusées.
Une telle mission pourrait s’appuyer sur le nouveau lanceur dont l’Europe s’apprête à se doter à partir de 2020 : la fusée Ariane 6 effectuera à cette date son premier vol, et remplacera au-delà de 2023 l’actuelle Ariane 5 à l’issue d’une période de transition.