Une dessinatrice, qui plus est mangaka : le collège d’auteurs francophones qui décerne le Grand Prix de la ville d’Angoulême a fait, en 2019, un choix hors normes. Mercredi 23 janvier, ils ont accordé à Rumiko Takahashi la plus haute distinction du Festival International de la bande dessinée, qui se déroule de jeudi à dimanche à Angoulême. Si le grand public français ne connaît pas forcément son nom, les œuvres de Rumiko Takahashi ont, elles, marqué une génération. Voici les trois plus emblématiques, à découvrir ou redécouvrir.

  • « Ranma 1/2 », l’œuvre phare

« Ranma 1/2 » raconte l’histoire d’un jeune homme qui se transforme en femme au contact de l’eau froide. / RUMIKO TAKAHASHI / GLÉNAT

Ranma 1/2 raconte les aventures de Ranma Saotome, jeune champion des arts martiaux qui, après être tombé dans une source maléfique, se transforme en fille au contact de l’eau froide, et redevient garçon avec l’eau chaude.

Un maléfice à l’origine d’innombrables gags et péripéties, d’autant que Ranma n’est pas le seul dans ce cas : plusieurs personnages sont aussi victimes de sortilèges similaires, comme son père, qui se transforme en panda. Cette série en 38 tomes, drôle et légère, met en scène des personnages attachants, aux caractères bien tranchés – comme Akane, la promise de Ranma – et enchaîne les rebondissements à un rythme effréné. Ranma 1/2, publié en France chez Glénat, aborde aussi les questions de genre, thématique chère au manga.

Les premières planches de cette série, devenue le plus grand succès de Rumiko Takahashi, ont été publiées en 1987 dans le magazine pour adolescents Weekly Shonen. Il fera l’objet d’une adaptation animée, diffusée en France (et parfois censurée) par l’émission pour enfants « Club Dorothée ».

  • « Maison Ikkoku », à l’origine de « Juliette je t’aime »

« Maison Ikkoku » est plus connu en France pour sa version animée, baptisée « Juliette je t’aime ». / RUMIKO TAKAHASHI / TONKAM

Yusaku prépare ses examens d’entrée à l’université, mais ses colocataires fêtards l’empêchent de travailler. Alors qu’il envisage de déménager, une nouvelle concierge arrive dans l’immeuble : Kyoko, une jeune veuve dont il tombe éperdument amoureux.

Publié de 1980 à 1987, Maison Ikkoku (édité par Tonkam en France) s’est vendu à plus de 25 millions d’exemplaires dans le monde. Son adaptation en dessin animé a connu un succès phénoménal en France sous le titre francisé Juliette je t’aime. Situations loufoques et personnages exubérants y côtoient des moments plus émouvants. Rumiko Takahashi a expliqué s’être inspirée de l’immeuble où elle vivait, étudiante, à Nagano et où elle côtoyait des personnages hauts en couleur pour créer ce manga devenu culte.

Si l’auteure a forgé sa réputation dans la comédie pour adolescents, Maison Ikkoku se classe de son côté dans la catégorie « seinen », qui désigne les mangas à destination d’un public adulte.

  • « Urusei Yatsura », Lamu pour héroïne

« Urusei Yatsura » raconte l’histoire d’une extraterrestre éprise d’un jeune homme un peu gauche. / RUMIKO TAKAHASHI / GLÉNAT

De longs cheveux verts, deux petites cornes pointues, un bikini tigré et de longues bottes assorties… Si Urusei Yatsura ne vous dit rien, peut-être que l’allure de son héroïne Lamu vous rappellera quelque chose. C’est d’ailleurs son nom à elle qu’a emprunté, en guise de titre, l’animé adapté de ce manga et diffusé en France à partir de 1988 sur TF1 par le « Club Dorothée ».

La bande dessinée Urusei Yatsura a été publiée à partir de 1978 au Japon et raconte les mésaventures d’Ataru Morobosho, un lycéen un peu gauche et obsédé, empêtré dans une histoire surréaliste. Lamu, une princesse extraterrestre, s’éprend de lui en pensant, à tort, qu’il compte l’épouser. Le tout sous le regard jaloux de Shinobu, la petite amie attitrée d’Ataru.

La série marquera le premier grand succès de Rumiko Takahashi. Elle sera par la suite éditée en France chez Glénat. Tous les éléments qui ont fait son renom sont déjà là : des situations farfelues, un humour absurde et des personnages attendrissants.