Bing, le moteur de recherche de Microsoft, est à son tour bloqué en Chine
Bing, le moteur de recherche de Microsoft, est à son tour bloqué en Chine
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
L’entreprise états-unienne a confirmé que son service était « actuellement inaccessible » dans le pays. Il s’agit du seul moteur de recherche étranger encore présent en Chine.
Microsoft a officiellement annoncé que son moteur de recherche Bing avait été bloqué en Chine ces derniers jours. « Nous confirmons que Bing est actuellement inaccessible » dans le pays, écrit l’entreprise dans un communiqué diffusé mercredi 23 janvier, sans préciser s’il s’agissait d’un problème technique ou, plus vraisemblablement, d’un blocage mis en œuvre par les autorités chinoises.
Selon les tests réalisés par plusieurs médias (comme l’agence de presse Reuters ou la BBC), les tentatives pour accéder à la version chinoise de Bing depuis la Chine continentale redirigent effectivement vers une page expliquant que le serveur n’est pas accessible. L’Administration chinoise du cyberespace, chargée de la réglementation, de la censure, de la surveillance et du contrôle d’Internet dans le pays n’a pas répondu aux questions adressées par les médias étrangers sur le sujet.
Des millions de messages supprimés
Comme le note le site de NPR, la radio publique états-unienne, le poids de Bing en Chine est avant tout symbolique, la majorité des internautes chinois utilisant le moteur de recherche Baidu pour naviguer sur Internet. Mais Bing était le seul moteur de recherche étranger d’importance encore accessible dans le pays. A la différence de Google, Microsoft avait en effet accepté de censurer les résultats des requêtes sur des sujets sensibles, en accord avec la politique officielle de contrôle et de censure d’Internet.
Le groupe de Redmond devient ainsi la dernière entreprise occidentale en date à subir la censure en ligne des autorités chinoises, dans un contexte où la Chine a renforcé son contrôle d’Internet ces dernières années, le Parti communiste au pouvoir cherchant à réprimer les mouvements de dissidence en ligne. En 2018, ce sont ainsi près de 26 000 sites « illégaux » qui ont été fermés, et six millions de messages au contenu vulgaire ou pornographique qui ont été effacés, a rapporté au début de janvier l’agence de presse Chine nouvelle. L’Administration chinoise du cyberespace a déclaré de son côté, dans un communiqué diffusé le 23 janvier, avoir supprimé en janvier plus de sept millions de messages en ligne et 9 382 applications mobiles.
C’est aussi le deuxième revers subi par Microsoft en Chine depuis novembre 2017, date à laquelle son service d’appels et de messagerie Skype avait été retiré des magasins d’applications d’Apple et de Google (filiale d’Alphabet). Ces nouveaux problèmes rencontrés par Bing surviennent en pleine guerre commerciale entre Washington et Pékin. Les Etats-Unis reprochent notamment à la Chine le « vol » de propriété intellectuelle et de technologies américaines.
Ce blocage de Bing illustre enfin les difficultés des groupes occidentaux emblématique du numérique à investir le pays, même en se conformant aux normes des autorités. Ces derniers mois, des sites d’information ont révélé les projets de Google en la matière, qui a réalisé un test avancé d’une version de son moteur de recherche pouvant fonctionner en respectant la censure (cela alors que Google est inaccessible en Chine depuis 2010). Le directeur général du groupe, Sundar Pichai, avait cependant déclaré en décembre que son entreprise n’avait « aucun projet » pour relancer son service dans le pays, même si elle continue d’étudier l’idée.