Leonardo Jardim, à Manchester, en 2017. / OLI SCARFF / AFP

Cet épisode va entrer dans la grande histoire des ressources humaines. L’entraîneur portugais Leonardo Jardim fait son retour sur le banc de l’AS Monaco, trois mois et demi après avoir été licencié par la direction monégasque. L’annonce inattendue, jeudi, de la mise à pied de Thierry Henry a autant surpris que celle du retour de Leonardo Jardim.

Une source au sein du club, citée par l’agence de presse AFP, a confirmé, vendredi 25 janvier, ce retour annoncé plus tôt dans la journée par le quotidien l’Equipe. Celui-ci ne sera toutefois pas effectif dès samedi pour le match contre Dijon (20 heures). Leonardo Jardim retrouvera le banc après ce match essentiel pour le maintien.

La direction du club a donc décidé de rappeler son ancien entraîneur pour sortir l’équipe de la crise dans laquelle elle est engluée depuis le début de saison… après lui avoir versé environ neuf millions d’indemnités de licenciement en octobre dernier, pour les mêmes raisons.

Selon le quotidien Nice-Matin, Monaco devra, en outre, verser entre dix et quinze millions d’euros à Thierry Henry, qui était sous contrat jusqu’en 2021.

En un peu plus de trois mois, l’ASM aura donc versé entre 18 et 23 millions d’euros, selon les différentes estimations, pour limoger puis, finalement, rappeler l’entraîneur qui a fait les beaux jours du club pendant quatre saisons.

« Je reviendrai à Monaco »

Selon le quotidien L’Equipe, tout était bouclé depuis jeudi soir, quelques heures à peine après l’annonce de la mise à pied de Thierry Henry. Une rencontre dans un restaurant de la Principauté entre le technicien portugais, son agent Jorge Mendes, et le vice-président de l’ASM Vadim Vasilyev, s’était soldé par un accord entre les différentes parties.

Annoncé en Chine ou en Arabie saoudite depuis son départ de l’ASM, Leonardo Jardim s’est donc finalement engagé pour deux ans et demi avec son ancien club.

Dans un entretien accordé au quotidien sportif français en début de semaine, le technicien de 44 ans laissait entendre qu’un retour en Ligue 1 était déjà à l’étude : « J’aime beaucoup la Ligue 1 et il y a une chose dont je suis sûr, peut-être pas à 100 %, mais à 80 %, c’est qu’un jour je reviendrai à Monaco. La deuxième chose dont je suis sûr, c’est que je vais entraîner un autre club français. Ici les gens du football, malgré les premiers mois difficiles, m’ont toujours respecté, les supporters aussi. »

Savait-il, au moment de cet entretien, que son retour à Monaco allait être effectif quelques jours plus tard ? Quoi qu’il en soit, Jardim récupère un groupe renforcé par les recrues du mercato hivernal (Naldo, Fabregas, Vainqueur, Ballo-Touré) après avoir bénéficié de vacances bien méritées et profité d’un compte en banque encore plus garni. Un coup de maître.

Débarqué en catimini dans la Principauté en 2014 en provenance du Sporting Portugal, inconnu du grand public mais jouissant d’une bonne réputation dans le milieu footballistique, ce disciple du philosophe Edgar Morin a mis du temps à convaincre le public français.

En quatre ans, il a finalement réussi à considérablement marquer le club de la Principauté de son empreinte et s’est imposé comme le maître d’œuvre de la stratégie de trading (acheter des jeunes espoirs pour les revendre plus cher quelques saisons plus tard), décidée par le propriétaire russe, Dmitri Rybolovlev.

Chaque saison, il a su jongler avec les nombreux départs imposés de ses meilleurs joueurs (Anthony Martial, Bernardo Silva, Tiémoué Bakayoko, Benjamin Mendy, Kylian Mbappé pour ne citer que les plus renommés) et les non moins nombreuses arrivées de nouveaux joueurs en devenir.

« Jardim fera toujours partie de la famille »

Monaco s’impose ainsi comme le principal rival du PSG et arrive même à conquérir le titre en 2017, le premier depuis dix-sept ans, au terme d’une saison record, achevée avec 95 points. En 233 rencontres dirigées, Jardim a également amené le club à un quart et une demi-finale de Ligue des champions, perdues à chaque fois contre la Juventus.

Le mercato 2018 marquera les limites de cette méthode. L’ASM vend ainsi les derniers joyaux de la couronne : Fabinho, Lemar et Moutinho, trois piliers de l’équipe monégasque, font leurs bagages. A côté, le recrutement est moins heureux.

Monaco débute très mal sa saison puis s’enfonce dans la crise. Leonardo Jardim en fera les frais, tout en gardant de bons rapports avec la direction de l’ASM, qui soulignera, dans un communiqué, que le Portugais « fera toujours partie de la famille ».

L’arrivée de Thierry Henry n’y changera rien. Monaco est toujours 19e du classement de Ligue 1 et n’a plus remporté un match en championnat depuis le 4 décembre 2018. Un projet de jeu incertain et un mode de management critiqué en interne auront eu raison du champion du monde 1998.

Leonardo Jardim, lui, retrouve un club qu’il n’a jamais vraiment quitté, sa famille étant toujours installée à Monaco. Il pourrait (re-)faire ses grands débuts sur le banc monégasque, mardi 29 janvier, face à Guingamp en Coupe de la Ligue.