« Il n’y a jamais eu aussi peu de morts sur les routes françaises. » Le premier ministre a annoncé lundi 28 janvier une baisse « historique » du nombre de tués sur les routes en 2018. Edouard Philippe s’est rendu à Coubert (Seine-et-Marne), pour annoncer que 3 259 personnes étaient mortes sur la route en France métropolitaine en 2018, soit 189 de moins qu’en 2017.

Il s’est dit « fier de ces chiffres historiques », alors que la France restait sur trois années successives de hausse entre 2014 et 2016 – du jamais-vu depuis 1972 – puis une quasi-stagnation en 2017 avec 3 448 morts.

Par ailleurs, 16 vies ont été épargnées sur les routes secondaires abaissées à 80 km/h, a détaillé M. Philippe, défendant cette mesure très contestée, pour laquelle il a toutefois jugé « légitime de discuter » dans le cadre du grand débat national.

C’est dans cette même ville de Coubert que, le 11 décembre 2017, il s’était dit favorable « à titre personnel » à l’abaissement de 90 km/h à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur certaines routes nationales et départementales.

Un mois plus tard, il annonçait que cette mesure entrerait en vigueur au 1er juillet 2018 sur 400 000 kilomètres de routes secondaires à double sens sans séparateur central, déclenchant une fronde d’automobilistes et de motards et l’indignation d’élus (de zone rurale notamment) et de certains ministres tels que Gérard Collomb ou Jacques Mézard.

Contestation

La contestation contre ce « passage en force » du gouvernement a redoublé en fin d’année avec le mouvement des « gilets jaunes », qui a vu la dégradation ou la destruction de 60 % des radars routiers, selon le ministère de l’intérieur.

Six mois après l’entrée en vigueur de la mesure, Matignon peut se réjouir de ces résultats « historiques », mais ces estimations restent contestées par les anti-80 km/h, engagés depuis des mois dans une guerre de chiffres. « La mortalité routière était déjà largement orientée à la baisse une année avant l’entrée en vigueur des 80 km/h. (…) La mise en œuvre de cette nouvelle limitation n’a eu aucun impact sur la réduction du nombre de morts sur nos routes », répétait vendredi l’association 40 millions d’automobilistes.

« Il n’y a pas de dogme »

Qu’elle ait des effets bénéfiques ou non, l’exécutif pourrait reculer sur cette mesure qui a constitué, selon de nombreux observateurs, un élément précurseur de la crise des « gilets jaunes » qui secoue la France et fragilise le pouvoir depuis plus de deux mois.

Emmanuel Macron, qui n’a jamais apporté de franc soutien à la mesure et a laissé son premier ministre la défendre, a amorcé un premier pas en arrière le 15 janvier, en ouvrant la porte à des aménagements au niveau local.

« Il faut ensemble que l’on trouve une manière plus intelligente de le mettre en œuvre. Il n’y a pas de dogme », a-t-il lancé aux 600 maires rassemblés à Grand-Bourgtheroulde (Eure) pour le grand débat national. Ce dossier « fait partie du débat », a-t-il affirmé.