Lors d’un rassemblement contre le président chaviste Nicolas Maduro, à Caracas, le 30 janvier. / Ariana Cubillos / AP

Des milliers d’opposants vénézuéliens, menés par le président autoproclamé Juan Guaido, ont manifesté mercredi 30 janvier pour convaincre l’armée de tourner le dos au président Nicolas Maduro qui tente, lui, de serrer les rangs.

« Ne tirez pas contre un peuple qui se bat aussi pour sa famille », a lancé à l’appel des militaires M. Guaido, député de 35 ans et chef du Parlement contrôlé par l’opposition, à l’occasion d’un rassemblement dans la capitale Caracas.

« Une marionnette des “gringos” au Venezuela ? »

Portant une blouse médicale qu’on lui a offerte, il a défilé au côté de patients et infirmiers. « Nous avons retrouvé une majorité puissante qui peut changer le pays », en plein naufrage économique, s’est-il félicité. « Guaido est arrivé et l’espoir est revenu », chantaient ses partisans, tapant sur des casseroles et faisant sonner des cornes de brume.

Peu avant cette mobilisation, l’opposant a reçu les encouragements du président des Etats-Unis, Donald Trump. Les deux hommes, qui se sont entretenus par téléphone, se sont mis « d’accord pour rester en contact régulier afin de soutenir le retour vers la stabilité du Venezuela ». « Le combat pour la liberté a commencé ! », a tweeté, dans la foulée, le locataire de la Maison Blanche.

De quoi prêter le flanc aux accusations de M. Maduro, qui crie au coup d’Etat orchestré par Washington. Supervisant des manœuvres militaires à Caracas, le dirigeant socialiste a appelé l’armée à l’unité face aux appels à la rébellion des Etats-Unis et de M. Guaido, qui leur a promis l’amnistie. « Vous voulez que gouverne une marionnette des gringos au Venezuela ? », a-t-il lancé ensuite dans un meeting face à des jeunes Vénézuéliens.

La pression diplomatique des Etats-Unis se fait chaque jour plus insistante : premiers à accepter Juan Guaido comme président, ils martèlent que « toutes les options sont sur la table », y compris une intervention militaire. Washington se dit aussi prêt à livrer 20 millions de dollars en aliments et médicaments, frappés de pénuries dans le pays pétrolier, mais cela passe par le feu vert de l’armée.

M. Guaido exige la mise en place d’un gouvernement de transition puis des élections libres, soutenu en ce sens par les Etats-Unis ainsi qu’une grande partie de l’Amérique latine et de l’Europe. M. Maduro se dit « prêt à discuter avec Donald Trump » et à « s’asseoir à la table des négociations avec l’opposition ». Juan Guaido a répondu mercredi y être ouvert, seulement si cela permet « la fin de l’usurpation » du pouvoir par le socialiste.

Une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations

Soucieux de trouver une solution pacifique à la crise politique que traverse le Venezuela, l’Uruguay et le Mexique ont annoncé l’organisation d’une conférence des pays « neutres » à Montevideo le 7 février.

Le risque de troubles civils est élevé dans ce pays pétrolier de 32 millions d’habitants, un des plus violents au monde. Neuf jours de mobilisations se sont soldés par une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations, selon les chiffres de l’organisation des Nations unies.

Dans cette ambiance tendue, deux journalistes français étaient mercredi en détention depuis 24 heures tandis que deux reporters chiliens ont été expulsés après avoir été retenus près de 14 heures.

Des manifestations des deux camps sont prévues samedi : « Nous allons nous échauffer dans la défense de la patrie, pour nous préparer à de nouvelles batailles et de nouvelles victoires », a clamé le numéro deux du chavisme, Diosdado Cabello.