Donald Trump est de retour mardi 5 février devant le Congrès, pour le traditionnel discours sur l’état de l’Union, dans un climat politique délétère. Le président américain a toutefois promis un appel à l’unité et une tonalité résolument optimiste. A vingt et un mois de l’élection présidentielle, où il entend briguer un second mandat, il devra naviguer entre sa volonté affichée de se poser en rassembleur et son instinct le poussant à galvaniser sa base en multipliant les provocations. Au-delà du discours lui-même, ce rendez-vous annuel très prisé du tout-Washington sera aussi scruté à la loupe pour d’autres raisons. Passage en revue.

  • Face-à-face attendu avec Nancy Pelosi, qui lui a infligé une défaite politique

Une image symbolique pourrait résumer la difficulté de l’exercice : lorsque Donald Trump prendra la parole devant les élus, Nancy Pelosi, nouvelle speaker (présidente) de la Chambre des représentants, sera assise derrière lui, comme le veut la tradition, dans le champ visuel couvert par les caméras. Or l’élue démocrate de San Francisco, opposée à son projet de mur à la frontière avec le Mexique, vient de lui infliger une cuisante défaite politique, abîmant l’image d’habile négociateur que le magnat de l’immobilier aime mettre en avant. Après des semaines d’une étrange partie de « poker menteur », Donald Trump a cédé face à ses adversaires politiques et mis fin au shutdown (« fermeture ») en signant une loi de financement (temporaire) de l’Etat fédéral, sans avoir obtenu le moindre dollar pour son projet emblématique de lutte contre l’immigration clandestine.

  • Les femmes du Congrès invitées à s’habiller en blanc

Les membres féminins du Congrès ont été invités à porter du blanc en hommage aux suffragettes. « Le port de la suffragette blanche est un message respectueux de solidarité avec les femmes de tout le pays et une façon d’affirmer que nous ne reviendrons pas sur nos droits durement acquis », a déclaré à CNN Lois Frankel, représentante de la Floride, précisant que le Congrès n’a jamais compté autant de femmes démocrates.

L’an dernier, des membres du Congrès avaient été invités à porter du noir lors du discours sur l’état de l’Union, en solidarité avec les mouvements #metoo et #timesup contre les violences sexuelles envers les femmes.

  • Des démocrates ont annoncé leur intention de boycotter le discours

Quatorze démocrates du Congrès ont boycotté le discours de Donald Trump l’année dernière. Cette année encore, plusieurs ne s’y rendront pas, dont Earl Blumenauer, représentant de l’Oregon, relate le journal The Hill. « L’idée de passer mardi soir dans la salle de la Chambre à écouter l’homme égoïste et imprudent qui occupe la Maison Blanche ne m’intéresse pas. Comme par le passé, j’ai l’intention de sauter un discours qui sera rempli de mensonges, de tromperies et de divisions », a-t-il déclaré. Le représentant du Tennessee Steve Cohen, qui a déjà demandé la destitution du président Trump, ne sera pas là non plus : « Je viendrai (…) quand je pourrai entendre un président qui dira la vérité sur l’état de l’Union. » Au moins deux autres démocrates ne participeront pas non plus.

  • La démocrate Stacey Abrams et le procureur Xavier Becerra chargés de répondre

Stacey Abrams, 45 ans, sera chargée de donner, au nom des démocrates, la réplique au président, en anglais, juste après son discours. Ce sera la première femme afro-américaine à se livrer à cet exercice. Figure montante de son parti, Stacey Abrams ne détient aucun mandat électif. Elle a échoué de peu en Géorgie, en novembre, dans sa quête pour devenir la première gouverneure afro-américaine, mais représente un symbole.

Xavier Becerra, procureur, sera chargé de répondre en espagnol au président. Ce démocrate âgé de 61 ans a poursuivi 45 fois l’administration Trump sur différents sujets, comme l’interdiction de voyager imposée aux citoyens de pays à majorité musulmane, les normes sur la qualité de l’air ou encore les puits pétroliers offshore. Fils d’immigrés mexicains, il a été élu au Congrès en 1992 et a gravi les échelons pour devenir le Latino le plus haut placé de la Chambre. Il n’en est parti qu’en 2017 pour devenir procureur général. « J’ai hâte de m’adresser à mes concitoyens américains un jour où la vérité, la franchise et l’unité devraient être à l’ordre du jour », a-t-il déclaré avant le discours du président.

Traditionnellement, l’opposition prépare une ou plusieurs « réponses » au discours du président. Depuis plusieurs années déjà, les républicains, puis les démocrates, prévoient une version espagnole. Un choix qui relève uniquement du calcul politique, le principe de la réponse n’étant pas codifié : il s’agit en l’occurrence pour les démocrates de séduire les hispanophones.

  • Une travailleuse sans papiers, licenciée du club de golf de Trump, invitée

Une travailleuse sans papiers qui a été licenciée du club de golf de Donald Trump devrait assister au discours sur l’état de l’Union de Trump. Selon CNN, elle a été invitée par une députée démocrate. Victorina Morales, d’origine guatémaltèque, a travaillé pendant des années au Trump National Golf Club de Bedminster, dans le New Jersey. Elle a finalement été congédiée de son emploi et risque actuellement l’expulsion.