Affaire Baupin : Cécile Duflot raconte une « agression » et fait part de ses regrets
Affaire Baupin : Cécile Duflot raconte une « agression » et fait part de ses regrets
Le Monde.fr avec AFP
L’ex-ministre écologiste a accusé jeudi l’ex-député de l’avoir agressée sexuellement en 2008 au Brésil et a dit regretter son « manque d’écoute » des femmes au sein du parti, une « énorme erreur ».
C’est la première fois que Cécile Duflot, citée jeudi 7 février comme témoin par la défense, témoigne publiquement. Au tribunal où Denis Baupin attaque la presse en diffamation, l’ancienne ministre écologiste a accusé, jeudi 7 février, l’ex-député de l’avoir agressée sexuellement en 2008 au Brésil.
La voix pleine de sanglots contenus, Cécile Duflot raconte cette soirée de mai 2008 à Sao Paulo, où elle, alors secrétaire nationale des Verts, était venue en délégation avec Denis Baupin, alors adjoint au maire de Paris, pour un congrès mondial des écologistes. Après une journée de travail, elle regagne sa chambre d’hôtel « très fatiguée » – sa dernière fille a à peine deux mois.
« Je tire mon lait, parce que je ne veux pas arrêter d’allaiter ma fille, quand je reçois un SMS de Denis Baupin qui me demande mon numéro de chambre parce qu’il a un truc à me dire. » « Sans lâcher mon tire-lait, je lui réponds. Dix secondes plus tard, il est à ma porte. J’ai tout de suite vu son regard », dit-elle, expliquant la « panique qui s’empare » d’elle.
« Il me dit : “Je savais que tu en avais autant envie que moi.” Il a posé la main sur mon cou. Je lui ai dit “Ça va pas, arrête !” Il essaie de mettre son pied pour coincer la porte, je lui ai donné un coup de pied au tibia (...) j’ai claqué la porte », relate-t-elle.
« Une énorme erreur »
Après cet épisode, elle « fait tout pour l’éviter », mais ne dit rien, ne porte pas plainte. Elle ne veut pas être accusée d’instrumentalisation politique alors que Denis Baupin est son adversaire en interne. Cécile Duflot a un regret, c’est sa « capacité d’encaisser », une dureté apprise en politique qui l’a rendue sourde « à l’égard des autres femmes ».
« C’est une énorme erreur. J’ai été capable de dire à des femmes des choses comme ’Si t’es choquée parce qu’un mec te demande de le sucer, franchement, ça nous arrive tous les jours’ ou ’c’est le genre de mec avec qui il est plus facile de coucher que de résister’. C’était une abdication en rase campagne », reconnaît-elle.
Elle évoque les valeurs de son parti, le féminisme, la parité, un côté libertaire, le clivage entre la génération de Dominique Voynet qui l’a précédée et la sienne, « intermédiaire », juste avant #MeToo. « Finalement, on était très complaisants avec la violence », conclut-elle. Elle « ne doute pas un instant » de la véracité des accusations de militantes écologistes contre Denis Baupin et estime que « maintenant que c’est dit, les filles non seulement auront des responsabilités, mais elles sauront qu’elles ne sont pas obligées de subir ça ».