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Il l’attendait depuis six ans, et elle est arrivée de nuit, à Are (Suède), dans la discipline qui récompense sa polyvalence : Alexis Pinturault est devenu, lundi 11 février, champion du monde de ski alpin en combiné.

« Pintu », tête de pont du ski français depuis son éclosion à l’âge de 20 ans, a souvent craqué sous la pression lors des championnats du monde, disputés tous les deux ans en alpin. Cela n’a pas été le cas lundi, après une descente correcte (24e) qui ne lui laissait pas le droit à l’erreur dans le slalom.

La course entre les piquets, initialement prévue en début d’après-midi, s’est disputée à 16 heures locales, de nuit, et Pinturault a réalisé une manche engagée, sans la moindre faute. Suffisant pour conserver son avance sur le Slovène Stefan Hadalin, médaille d’argent à 24 centièmes de seconde. L’Autrichien Marco Schwarz, autre favori, a pris la médaille de bronze.

Tous les grands gabarits spécialistes de la vitesse, dont l’Italien Dominik Paris, meilleur temps de la descente, ont ensuite buté sur le temps de Pinturault malgré leur confortable avance.

« J’ai failli laisser un genou sur la première manche, a dit sur Eurosport le Français, victime d’une contusion osseuse durant la descente. J’ai fait un choix payant de me concentrer sur le slalom cette saison, les choses se mettent bien en place dans cette disicpline. C’est ce qui m’a permis de m’accrocher dans la descente, avec bien sûr quelques petites fautes, et de bien gérer la manche de slalom. »

Pour comprendre le contexte : Alexis Pinturault, enfin mûr

« J’ai compris qu’aux championnats du monde aussi il faut s’amuser »

Alexis Pinturault décroche son premier titre de champion du monde dans le combiné. / Gabriele Facciotti / AP

Alexis Pinturault comble ainsi un trou à son palmarès, lui qui est déjà triple médaillé olympique et vainqueur de 21 manches de Coupe du monde. Ce titre mondial conforte sa stratégie consistant, depuis bientôt dix ans, à s’aligner régulièrement au départ d’épreuves de vitesse tout en restant l’un des meilleurs mondiaux en géant et slalom.

Il aura l’occasion, vendredi en géant et dimanche en slalom, de skier l’esprit libre pour agrandir sa collection dans deux épreuves plus prestigieuses.

« J’ai compris qu’aux championnats du monde aussi il faut s’amuser, prendre des risques, il n’y a qu’ainsi que ça peut marcher », disait-il au Monde avant de partir à Are.

Il y a deux ans, à Saint-Moritz, il avait échoué à remporter la moindre médaille et s’était effondré en larmes face aux journalistes : « Je ne suis pas un robot, je me mets peut-être trop de pression et ça engendre de la crispation », avait-il dit.

Pinturault, qui comptait déjà une médaille de bronze mondiale obtenue en géant en 2015, est le sixième français champion du monde du combiné. Le dernier était Michel Vion, actuel président de la Fédération française de ski, en 1982.

La discipline est toutefois proche de disparaître, en raison de la faible compétitivité - Marcel Hirscher, le meilleur skieur du monde, n’était d’ailleurs pas au départ ce lundi, comme l’Américaine Mikaela Shiffrin chez les femmes.