A l’étranger, l’alcool français coule à flots
A l’étranger, l’alcool français coule à flots
LE MONDE ECONOMIE
Les exportations ont battu un nouveau record en 2018, grâce aux Etats-Unis. Les ventes y ont atteint 3,2 milliards d’euros, en 2018.
Des bouteilles de champagne dans un magasin Astor Wines &Spirits, à New York, le 29 août 2016. / Drew Angerer / AFP
Les vins et spiritueux français font plus que jamais recette hors de nos frontières. En témoigne leur nouveau record d’exportations. En 2018, pour la première fois, la barre des 13 milliards d’euros de vente a été franchie, selon les chiffres publiés par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), mercredi 13 février. Le chiffre d’affaires total s’établit à 13,2 milliards d’euros en progression de 2,4 %. Le solde des échanges augmente de 1,7 %, à 11,7 milliards d’euros, confortant sa place de deuxième excédent de la balance commerciale française.
« Même si la progression des exportations est plus faible qu’en 2017, avec un taux de croissance de 2,4 % contre 8 % l’année précédente, nous sommes plutôt satisfaits compte tenu du contexte de ralentissement de la croissance économique, et des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis », explique Antoine Leccia, président de la FEVS. « Les fondamentaux sont bons », ajoute-t-il.
Une fois encore, la France a démontré la force de sa stratégie de valorisation de ses vins et de ses spiritueux. En effet, cette performance a été atteinte alors que les volumes étaient en retrait de 2,7 %. Vendanges maigrelettes de 2017 oblige. « Notre part de marché mondial en volume est de 15 %, mais de 30 % en valeur », rappelle M. Leccia.
Des craintes liées au Brexit
Cette valorisation est tout particulièrement goûtée outre-Atlantique. Les Etats-Unis, premier marché de destination des vins et spiritueux (un quart des exportations), continuent à jouer un rôle moteur. Les ventes ont atteint 3,2 milliards d’euros, en 2018, en hausse de 4,6 %. On comprend pourquoi le Tweet rageur de Donald Trump envoyé en novembre, menaçant de taxer les vins français, a jeté un froid.
Les craintes liées au Brexit ont aussi conduit la FEVS à tirer la sonnette d’alarme en janvier. Il est vrai que le Royaume-Uni se classe en deuxième position des pays d’exportation avec un chiffre d’affaires de 1,328 milliard d’euros, en quasi-stabilité. M. Leccia veut maintenant relativiser le risque, mettant en exergue les relations multicentenaires entre la France et la Grande-Bretagne. « Nous souhaitions alerter les acteurs d’un risque de crise temporaire liée au Brexit et les inciter à anticiper mais à moyen-long terme, ce marché restera important pour nous », estime M. Leccia.
Celui-ci relativise aussi la baisse de 14,4 % des exportations en Chine, qui approchent le milliard d’euros. Selon lui, il faut prendre du recul et englober les ventes à Singapour et à Hongkong, en forte progression, pour évaluer la situation chinoise. L’ensemble pèse 2,5 milliards d’euros.
En termes de produits, le cognac, plébiscité aux Etats-Unis, à Singapour et en Chine, reste en tête des ventes avec un total de 3,123 milliards d’euros (+ 1,7 %). Vient ensuite le champagne à 2,88 milliards d’euros (+ 2,1 %). Le succès hors des frontières assure à la prestigieuse appellation une quasi-stabilité de son chiffre d’affaires en 2018, à un niveau record de 4,9 milliards d’euros, malgré la poursuite de l’érosion des ventes en France, selon les données publiées par le Comité Champagne. Le nombre de bouteilles écoulées est, lui, en retrait de 1,8 %, à 302 millions.
Dans les vins dits « tranquilles », c’est-à-dire sans bulles, les appellations bordelaises, gardent leur longueur d’avance et dépassent la barre des 2 milliards d’euros de ventes à l’export. Suivies par les bourgognes à 903 millions d’euros. A noter la forte progression des vins de Provence, + 14,1 %, à 273 millions d’euros. Les vendanges 2018, qui ont à nouveau rempli les cuves, sont de bon augure pour la suite…