Carlos Ghosn, en prison et privé de dizaines de millions d’euros
Carlos Ghosn, en prison et privé de dizaines de millions d’euros
LE MONDE ECONOMIE
Le conseil d’administration de Renault a dépossédé son ex-patron de dizaines de millions d’euros de rémunération différée et d’indemnités.
Carlos Ghosn, en novembre 2018, à Maubeuge (Nord). / LUDOVIC MARIN / AFP
Déjà potentiellement dépossédé de ses rémunérations en tant qu’ex-président de Nissan, Carlos Ghosn, l’ancien PDG de Renault incarcéré au Japon pour malversations financières, a été privé, mercredi 13 février, de dizaines de millions d’euros de versements potentiels par le conseil d’administration du groupe automobile français.
« Le conseil a décidé à l’unanimité (…) de renoncer au bénéfice de l’engagement de non-concurrence souscrit par M. Ghosn et, en conséquence, de ne pas lui verser l’indemnité correspondante égale à deux ans de rémunération fixe et variable », ont indiqué les administrateurs dans un communiqué.
Par ailleurs, la rémunération en actions promise au patron déchu (part différée de la rémunération variable concernant les exercices 2014 à 2017 et plans d’attribution d’actions de performance pour les années 2015 à 2018) ne sera pas versée non plus. « L’acquisition définitive [de ces actions] est soumise à une condition de présence au sein de Renault, précise le communiqué. Le conseil a constaté à l’unanimité que cette condition n’est pas remplie. »
300 000 actions non versées
Le conseil d’administration de Renault, le premier à être présidé par Jean-Dominique Senard, a suivi très scrupuleusement les recommandations du comité des rémunérations qui s’était réuni à plusieurs reprises pour préparer cette décision.
Il est difficile d’évaluer précisément de quel montant l’ancien homme fort de l’automobile mondiale est ainsi privé. Si l’absence de clause de non-concurrence lui fait perdre précisément une indemnité de 4 millions d’euros, il aurait dû toucher aussi, en ce début d’année, 7 millions d’euros en actions Renault au cours actuel (1,3 million de rémunération variable différée et 5,7 millions en actions de performance de long terme). Mais la décision du conseil d’administration l’empêche de recevoir environ 300 000 actions qui auraient été versées entre 2020 et 2022.
Au total, selon le cabinet Proxinvest interrogé par l’AFP, et au cours actuel, Carlos Ghosn se voit dépossédé de presque 30 millions d’euros. Il restera au conseil d’administration de Renault à statuer, le 15 mars, sur la part variable d’un montant de 250 000 euros versée au titre de 2018 et en cash.
Notre sélection d’articles pour comprendre l’affaire Carlos Ghosn
Retrouvez les contenus de référence du Monde traitant de l’affaire Carlos Ghosn :
- Comprendre l’affaire Carlos Ghosn, de son arrestation aux soupçons d’emplois fictifs
- Quatre questions sur la détention de Carlos Ghosn, notre article sur le système de détention au Japon
- Les arguments de la défense en trois points, notre article sur la « version » de l’ancien président de Nissan
- Carlos Ghosn : l’ambition, l’argent et la gloire, jusqu’à la démesure, le portrait du président de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi
- « Carlos Ghosn était la clé de voûte de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi », par notre journaliste Eric Béziat, chargé du secteur automobile