Jean-Luc Mélenchon : « On ne peut pas être raciste et membre de La France insoumise »
Jean-Luc Mélenchon : « On ne peut pas être raciste et membre de La France insoumise »
Par Abel Mestre
Le député des Bouches-du-Rhône a « fermement condamné » les incidents antisémites qui se multiplient depuis quelques semaines.
Jean-Luc Mélenchon, à Marseille, le 18 janvier. / CHRISTOPHE SIMON / AFP
La mise au point se voulait la plus solennelle et la plus claire possible. Mardi 19 février à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon accompagné de tous les députés insoumis (sauf François Ruffin) a tenu à « condamner » de la manière « la plus nette et la plus ferme » les incidents antisémites qui se sont multipliés depuis quelques semaines.
Le député (LFI) des Bouches-du-Rhône est notamment revenu sur les insultes antisémites reçues par le philosophe Alain Finkielkraut, samedi lors de l’acte XIV des « gilets jaunes ». M. Mélenchon avait déjà réagi dimanche − de manière alambiquée − sur Twitter.
Aujourd’hui son propos est plus limpide. Il a notamment déclaré :
« Quelles que soient les opinions détestables de M. Finkielkraut, quand il est injurié, pris à partie comme il l’est, ce ne sont pas ses opinions qui sont mises en cause. C’est son retrait de l’humanité que nous avons en commun au motif de sa religion supposée ou de ses appartenances. C’est inacceptable. »
Sur un ton posé, M. Mélenchon poursuit : « Nous sommes tous égaux en droits. Nul ne peut être discriminé pour sa religion, sa couleur de peau, son genre ou son orientation sexuelle. C’est la leçon des Lumières dont tous ceux sur cette estrade se réclament. » Il résume son rejet d’une phrase : « On ne peut pas être raciste et membre de La France insoumise. »
« Nous renouvelons notre soutien aux “gilets jaunes” »
M. Mélenchon a également dénoncé « une instrumentalisation indigne » de la lutte contre l’antisémitisme de la part du gouvernement qui voudrait, selon lui, « flétrir » les « insoumis » et discréditer le mouvement des « gilets jaunes ». « Non, le mouvement des “gilets jaunes” n’est pas un mouvement raciste. Non, le mouvement des “gilets jaunes” n’est pas un mouvement antisémite. Non, le mouvement des “gilets jaunes” n’est pas un mouvement homophobe. Nous renouvelons notre soutien à ce mouvement », a martelé l’ancien sénateur socialiste.
Reste la question de la participation ou pas aux rassemblements de mardi soir contre l’antisémitisme, notamment celui de Paris, place de la République. Les « insoumis » gardent le souvenir cuisant de la marche en mémoire de Mireille Knoll, cette rescapée de la Shoah assassinée au printemps 2018, où ils avaient été insultés et bousculés.
M. Mélenchon a également rappelé les menaces de mort qui pèsent contre lui et « cinq insoumis ». Il n’a donc pas voulu dire où il serait ce soir : « Ma sécurité n’étant garantie nulle part, je ne le dirai pas ! ». Quelques minutes auparavant, il avait demandé « solennellement » à Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, de garantir la sécurité des « insoumis » présents dans les différents rassemblements.
Un meeting à Montreuil sur la justice sociale
Le sujet de la lutte contre l’antisémitisme sera, en tout cas, au cœur du meeting que tient ce mardi soir à Montreuil, Alexis Corbière. Prévue de longue date, la réunion réunira sur la tribune, outre le député de Seine-Saint-Denis, Danièle Obono, Adrien Quatennens et Mathilde Panot. Les quatre élus seront donc absents du rassemblement parisien. « On en parlera, évidemment ! On va condamner les actes antisémites de façon très claire, au nom de l’universalisme républicain, explique M. Corbière. Le communautarisme n’est pas la réponse. »
Mais les quatre intervenants devraient également développer la question de la justice sociale et du manque de services publics dans les territoires pauvres. « Ce sera notre fil rouge », continue M. Corbière. Une manière aussi de réaffirmer la nature « sociale » du mouvement des « gilets jaunes », dans lequel les « insoumis » placent beaucoup d’espoir pour renverser le gouvernement.
Ce meeting est aussi l’occasion − même si son organisateur s’en défend − de montrer que La France insoumise ne se résume pas à la rivalité entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin et que d’autres voix émergent dans ce mouvement autour de ces deux fortes personnalités. « On joue collectif, temporise Alexis Corbière. Cela s’inscrit dans la continuité de Jean-Luc Mélenchon qui a toujours su faire émerger des générations autour de lui. »