« Dirty John » : portrait d’un mâle toxique
« Dirty John » : portrait d’un mâle toxique
Par Audrey Fournier
Adaptée d’un podcast à succès, cette série examine avec agilité la mécanique d’une relation harceleur-harcelée.
Un peu plus d’un an après l’apparition du mouvement #metoo et alors que le scandale de la Ligue du LOL secoue le monde médiatique, c’est peu dire que le timing de la sortie française de Dirty John est opportun. Cette série en huit épisodes, adaptée – et c’est une première – d’un podcast à succès du Los Angeles Times, basé sur un fait divers réel, nous propose d’explorer la relation toxique d’une Californienne avec un homme rencontré sur un site Internet. Attention, spoiler : l’histoire finit mal.
La cinquantaine fringante, mère de trois grands enfants, Debra vit à Orange County, une station balnéaire chic, où elle dirige une agence de décoration d’intérieur. En quête d’une belle rencontre, elle multiplie les rendez-vous, jusqu’à tomber sur John. Cet anesthésiste décontracté et blagueur a vite fait de la séduire. Une virée à Vegas plus tard, les voilà mariés. Mais « Dirty » John n’est évidemment pas celui qu’on croit. Menteur, imposteur, arnaqueur, ce faux médecin, vrai infirmier, qui exerce à l’hôpital pour y voler des antidouleurs auxquels il est accro, est démasqué par Debra et ses deux filles cadettes, enfants gâtées aussi détestables que clairvoyantes sur le compagnon de leur mère.
Peur et culpabilité
Car Debra a beau avoir découvert les nombreuses plaintes et condamnations rendues contre son conjoint par d’autres femmes, elle hésite à le quitter, préférant le voir comme un drogué appelant à l’aide que comme un homme malfaisant.
Après deux premiers épisodes sans surprise, cette série d’apparence très classique décolle. Filmée du point de vue des femmes victimes de ce « pervers narcissique » – Debra et ses filles, l’ex-femme de John, sa sœur, ses anciennes copines… –, Dirty John examine avec une certaine agilité la mécanique d’une relation harceleur-harcelée : on y voit Debra opposer son besoin d’être aimée à l’égoïsme de ses enfants, se heurter à la froideur de la justice, avoir peur de partir, culpabiliser.
Dans la peau de Debra, Connie Britton (l’attachante Nikki de Spin City) incarne un personnage tiraillé par des forces contraires. En face, Eric Bana livre une composition sans relief dans le rôle de John. Mais on retrouvera avec plaisir Julia Garner (Maniac et Ozark) et Juno Temple (Vinyl) dans la peau des filles de Debra, deux pestes qui tentent maladroitement de soustraire leur mère à l’emprise de son conjoint.
Dirty John | Bande-annonce officielle Saison 1 [HD] | Netflix
Durée : 01:31
Dirty John, huit épisodes de 45 min environ. Avec Connie Britton, Eric Bana, Juno Temple, Julia Garner. www.netflix.com