Sous des vidéos montrant des enfants faisant de la gym ou de la danse, des pédophiles complimentent leur physique et s’échangent des informations. / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »

Des commentaires de pédophiles sous des vidéos YouTube montrant des enfants. Le problème n’est pas nouveau, mais malgré les promesses de la plate-forme, celui-ci n’a toujours pas été réglé. Dimanche 17 février, un youtubeur anglophone, Matt Watson, en a fait la démonstration dans une vidéo de vingt minutes, qui a rapidement dépassé le million de vues.

Il y explique comment, selon ses mots, « l’algorithme de recommandation de YouTube facilite la possibilité pour les pédophiles d’entrer en contact entre eux, d’échanger des informations sur les enfants et de publier des liens vers de vrais contenus pédophiles dans les commentaires ».

Le terrain de jeu de ces pédophiles : des vidéos d’enfants, souvent publiées, à l’origine, par les enfants eux-mêmes (et parfois copiées et remises en ligne par des prédateurs). Le contenu des vidéos n’est pas pédopornographique, on y voit des enfants faire de la gymnastique ou de la danse par exemple. Mais dans les commentaires, les prédateurs s’expriment. Ils complimentent le corps des enfants, et indiquent les passages précis de la vidéo qu’ils jugent les plus « intéressants » – un grand écart par exemple, ou un vêtement qui se soulève.

Matt Watson souligne que l’algorithme de recommandation de YouTube propose automatiquement d’autres vidéos de ce type à toute personne en ayant regardé une. Il insiste également sur le fait que des publicités s’affichent à côté de certaines de ces vidéos, pour de grandes marques, comme Disney ou Nestlé.

Un problème récurrent

Certains des annonceurs ont depuis réagi en suspendant leurs publicités sur YouTube, rapporte Bloomberg. Selon le média américain, Disney, Nestlé ou encore Epic Games, à l’origine du jeu vidéo très populaire Fortnite, ont retiré leurs publicités de la plate-forme.

« Tout contenu – y compris les commentaires – mettant en danger les mineurs est abject et notre règlement interdit très clairement cela », a déclaré une porte-parole de YouTube à la presse états-unienne. « Nous avons immédiatement réagi en supprimant des comptes et des chaînes, en signalant aux autorités les activités illégales et en supprimant les commentaires problématiques. »

Ce n’est pourtant pas la première fois que YouTube est confronté à ce problème. En 2017, le Times et la BBC avaient publié le même jour deux enquêtes à ce sujet. Même cause, mêmes conséquences : d’importants annonceurs, comme Adidas, HP ou encore Cadbury, avaient temporairement cessé de publier sur YouTube. La plate-forme avait répondu à la presse dans des mots quasi similaires à ceux d’aujourd’hui. Elle avait aussi annoncé qu’elle allait fermer l’espace de commentaires des vidéos de mineurs dès lors qu’apparaîtraient des commentaires de prédateurs.

Mais YouTube n’a visiblement pas su appliquer ses propres règles. En juin, le youtubeur français Le Roi des rats avait par exemple publié sa propre enquête sur le sujet, montrant que le problème était loin d’être réglé. Celle de Matt Watson permettra-t-elle enfin de régler le problème ?