Orange et Bouygues Telecom affichent leur bonne santé
Orange et Bouygues Telecom affichent leur bonne santé
Par Zeliha Chaffin
Sur un marché malmené par la guerre des prix, les opérateurs signent une année 2018 marquée par la croissance.
A l’heure des premiers bilans, Orange et Bouygues Telecom montrent leur résilience face à une guerre des prix qui s’éternise et éprouve le secteur depuis plusieurs années. Mieux, les deux opérateurs, qui ont publié jeudi 21 février leurs résultats annuels respectifs, affichent pour 2019 des voyants au vert, confiants dans l’avenir.
Hausse des abonnés chez Bouygues Telecom
Mis à mal par l’arrivée de Free sur le mobile en 2012, Bouygues Telecom confirme, quant à lui, son retour en forme avec des ventes en hausse de 6 % à 5,34 milliards d’euros. La stratégie mise en place par la filiale de Bouygues, qui a notamment revu son service client et ses offres commerciales, pour relancer sa croissance a porté ses fruits. Sur l’année 2018, l’opérateur a gagné 573 000 clients sur le mobile et près de 235 000 sur le fixe, notamment grâce à la fibre où l’opérateur compte désormais 569 000 abonnés sur un total de 3,7 millions de clients sur le fixe. Une belle performance qui a permis à l’entreprise de tripler son flux de trésorerie disponible, ce dernier passant de 57 millions à 188 millions d’euros.
En parallèle, l’opérateur poursuit son offensive sur le marché des entreprises. Evalué à plus de 10 milliards d’euros, ce marché constitue un relais de croissance bienvenu pour les opérateurs alors que leurs marges sur le marché grand public ne cessent de s’éroder à cause de la guerre des prix. Après l’acquisition en décembre 2018 de Keyyo, Bouygues Telecom a confirmé ses ambitions sur ce marché et annoncé la signature d’un accord avec Dzeta Partners en vue de l’acquisition de l’opérateur Nerim.
Orange porté par le très haut débit
Du côté de l’opérateur historique, le chiffre d’affaires pour l’année écoulée a augmenté de 1,3 % à 41,4 milliards d’euros tandis que le bénéfice net a progressé de 6 % à 1,95 milliard. La croissance du groupe est notamment portée par les bons résultats d’Orange sur le continent africain et au Moyen-Orient, où le chiffre d’affaires enregistre une hausse de 5,1 %.
En France, où l’opérateur réalise 44 % de ses ventes, la croissance est un peu plus modeste, atteignant 0,9 %. Un chiffre que Stéphane Richard, le PDG, relativise au regard de la concurrence intense du marché tricolore sur le prix des abonnements. « Nous sommes l’acteur qui aurait dû souffrir le plus de cette donne concurrentielle. Malgré la bataille de chiffonniers qui règne depuis le début de 2018, nous réussissons à signer une deuxième année de hausse consécutive du chiffre d’affaires et à faire compte tenu du marché une performance exceptionnelle », s’est-il défendu.
Pour se différencier de ses concurrents, Orange mise sur la qualité de ses réseaux et notamment le déploiement du très haut débit avec la fibre où il compte désormais 2,6 millions de clients, en progression de 29,7 % sur un an, soit quelque 593 000 ventes dont près de la moitié concerne des nouveaux clients.
L’hypothèse d’un retour à trois opérateurs enterrée ?
L’annonce de ces bons résultats soulève la question des performances des deux autres concurrents du marché, SFR et Free. En difficulté après une année marquée par de nombreuses pertes d’abonnés, l’opérateur de Patrick Drahi a annoncé, fin 2018, avoir regagné plus d’un million de clients. Mais cette reconquête à coup de promotions sur les forfaits, qui plombent leur rentabilité, pourrait bien s’avérer contre-productive et se répercuter sur les résultats de l’opérateur. Egalement sous pression après des départs d’abonnés, Free misait, de son côté, sur la sortie en décembre de sa nouvelle box pour redynamiser sa croissance, cependant le doute plane sur le succès commercial de cette dernière.
Pour autant, le scénario d’une consolidation du marché, avec un retour à trois opérateurs qui permettrait d’apaiser cette guerre des prix, ne semble pas d’actualité. « Nous n’avons aucune discussion avec qui que ce soit. S’il devait y avoir des discussions entre d’autres opérateurs, immanquablement ils finiraient par nous contacter. A ce jour, nous n’avons été contactés par personne », a notamment précisé Martin Bouygues. Même son de cloche du côté d’Orange : « les perspectives à court terme qu’on puisse voir une recomposition du paysage et une consolidation me paraissent faibles », a commenté M. Richard, indiquant n’avoir eu vent d’aucune discussion à ce sujet.
Si aucun opérateur ne semble pour l’instant vendeur, l’hypothèse d’une consolidation dans les prochains mois n’est cependant pas totalement exclue alors que les opérateurs se préparent à l’arrivée de la 5G en France et aux inévitables efforts d’investissements qu’elle nécessitera pour l’achat des fréquences et le déploiement du réseau. « Quatre acteurs coûtent plus cher que trois au consommateur, car quatre réseaux à 10 milliards, c’est plus cher à amortir que trois réseaux à 10 milliards », a pragmatiquement résumé M. Bouygues.