Après les protestations massives de vendredi, de nouveaux rassemblements sont prévus à l’appel du mouvement Mouwatana, dimanche 24 février en Algérie, pour s’opposer à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui doit s’envoler dans la journée pour des examens médicaux en Suisse.

La mobilisation de dimanche devrait être moins importante que vendredi, jour de week-end et de prière. Ce jour-là, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue, notamment à Alger où les manifestations sont pourtant strictement interdites, répondant à des appels lancés par des anonymes sur les réseaux sociaux.

Bouteflika en Suisse pour un « court séjour » médical

Mouwatana, un mouvement fondé en juin 2018 par des intellectuels, a appelé les habitants d’Alger à se rassembler « dans le calme » à la mi-journée sur la place Audin, au cœur de la capitale, et dans les autres régions en face des sièges des wilayas (préfectures). Un important dispositif policier a été déployé dans la matinée dans le centre de la capitale algérienne.

« Nous ne nous attendons pas à une grande foule, car c’est un jour de semaine, mais le but est de maintenir la pression contre ce pouvoir », a expliqué un coordinateur de Mouwatana. Le mouvement a « lancé un appel à la mobilisation contre le cinquième mandat pour déclencher quelque chose. Ce déclenchement a eu lieu avec les manifestations de vendredi », a fait valoir Habib Brahmia, autre responsable de Mouwatana.

Sofiane Djilali, qui s’était déjà opposé au quatrième mandat de M. Bouteflika en 2014, a précisé avoir choisi la date de ce dimanche, car il était envisagé – sans que ce soit confirmé officiellement – que M. Bouteflika, affaibli par un accident vasculaire cérébral (AVC) dont il a été victime en 2013 et qui n’apparaît que rarement en public, inaugure la Grande Mosquée d’Alger et un nouveau terminal aéroportuaire. La présidence a, finalement, annoncé que le chef de l’Etat, 81 ans, s’envolerait à destination de Genève pour un « court séjour afin d’y effectuer des contrôles médicaux périodiques ».

RYAD KRAMDI / AFP

« Nous allons voir comment cela va se passer. Le vendredi, c’était [une mobilisation] populaire. Mouwatana, c’est un peu plus élitiste », a expliqué le sociologue algérien Nacer Djabi, qui a signé en mai avec d’autres intellectuels une lettre à M. Bouteflika, l’invitant à renoncer à un cinquième mandat.

Au pouvoir depuis 1999, M. Bouteflika a mis fin le 10 février à des mois d’interrogations sur ses intentions, en annonçant dans une « lettre à la nation » qu’il briguerait un cinquième mandat lors de la présidentielle du 18 avril. Les réseaux sociaux ont également relayé ces derniers jours des appels à une « marche des étudiants » contre un cinquième mandat, le 26 février, partout en Algérie.