Des étudiants bloqués dans une université d’Alger alors qu’ils manifestent contre un 5e mandat du président Bouteflika. / ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

La candidature du président algérien Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat lors de la présidentielle du 18 avril, a été déposée dimanche 3 mars au Conseil constitutionnel, a annoncé l’agence officielle APS. A quelques heures de la clôture des candidatures, fixée à minuit, le dossier officiel du chef de l’Etat de 82 ans, hospitalisé il y a une semaine en Suisse, a été déposé par son directeur de campagne, Abdelghani Zaalane.

Peu avant cette annonce, une lettre rédigée par le chef de l’Etat algérien, adressée à la nation algérienne, a été lue à la télévision nationale. Pressé depuis dix jours par des manifestations populaires à ne pas se présenter à un cinquième mandat présidentiel, Abdelaziz Bouteflika y explique avoir « écouté et entendu le cri du cœur des manifestants », et leur « inquiétude compréhensible ». Le président y réaffirme cependant son statut de « candidat à la prochaine élection présidentielle, avec conviction », selon le texte publié par le site d’informations ALG24.

Dans cette lettre, Abdelaziz Bouteflika s’engage toutefois, s’il était élu le 18 avril, à ne pas aller au bout de son mandat et à se retirer à l’issue d’une présidentielle anticipée, dont la date serait fixée à l’issue d’une « conférence nationale ». « Je m’engage à ne pas être candidat à cette élection anticipée », affirme M. Bouteflika dans cette lettre. Le texte ne détaille pas plus avant le calendrier précis de ces engagements.

Le chef de l’Etat algérien promet également dans ce texte « l’élaboration et l’adoption par référendum populaire d’une nouvelle constitution ». En outre, le président affirme qu’il y aura une révision de la loi électorale, et que la jeunesse algérienne sera au cœur de ses priorités présidentielles. « Les engagements que je viens de prendre devant vous nous mèneront naturellement à une transmission générationnelle dans une Algérie réconciliée avec elle-même », conclut Abdelaziz Bouteflika.

Polémique sur le dépôt

Si le président algérien, qui a fêté samedi ses 82 ans, réaffirme donc pleinement sa cinquième candidature à l’élection présidentielle, reste à savoir si celle-ci pourra être validée. La Constitution algérienne précise en effet que le dépôt d’une candidature à l’élection présidentielle requiert la présence du candidat en personne. Le président Bouteflika bénéficiera-t-il d’un passe-droit ?

Reste à savoir comment la rue va réagir à ces annonces. Plusieurs manifestations se sont tenues toute la journée dimanche en Algérie, mais aussi en France. « Bouteflika dégage ! », ont scandé à Alger une centaine d’étudiants, bloqués par la police à proximité de la Faculté centrale, en plein centre de la capitale, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Un important dispositif policier a été déployé autour du Conseil constitutionnel et la rue dans laquelle il se trouve est fermée à la circulation depuis tôt le matin.