Le président soudanais Omar Al-Bachir à Khartoum le 22 février 2019. / Mohamed Nureldin Abdallah / REUTERS

Le président soudanais Omar Al-Bachir, confronté depuis plus de deux mois à un vaste mouvement de contestation réclamant sa démission, a ordonné vendredi 8 mars la libération de toutes les femmes détenues pour avoir participé aux protestations contre son régime.

« J’ordonne à Salah Gosh de libérer toutes les femmes détenues », a dit M. Al-Bachir lors d’une réception au palais présidentiel, en référence au patron du redoutable Service national du renseignement et de la sécurité (NISS). Le bureau de presse de la présidence a confirmé que le président Al-Bachir a donné des instructions pour libérer toutes les femmes détenues pour leur participation à des manifestations.

Cette annonce intervient à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

Les responsables soudanais n’ont pas indiqué combien de femmes avaient été arrêtées lors de ces manifestations. Selon des militants de l’opposition, environ 150 femmes sont derrière les barreaux.

Etat d’urgence depuis le 22 février

Des centaines de personnes, dirigeants de l’opposition, militants et journalistes, ont été arrêtées lors du mouvement de contestation qui a débuté le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, en plein marasme économique. Il s’agit du plus sérieux défi au pouvoir de M. Al-Bachir depuis trente ans qu’il tient les rênes du Soudan.

Pour y faire face, le chef de l’Etat a imposé le 22 février l’état d’urgence pour un an dans tout le pays. Il a aussi ordonné la mise en place de tribunaux d’exception pour juger toute personne ayant violé l’état d’urgence. Depuis ces mesures, les rassemblements sont devenus plus rares et semblent désormais avoir lieu surtout les jeudis. Peu de manifestations ont été rapportées hors de la capitale ces dernières semaines.

Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le 19 décembre. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts, dont des enfants et des personnels médicaux.

Une manifestation qui a eu lieu vendredi dans le quartier de Burri, à l’est de Khartoum, s’est heurtée aux tirs de gaz lacrymogènes des forces de sécurité, ont indiqué des témoins. Les forces de sécurité ont également eu recours à des gaz lacrymogènes contre des manifestants rassemblés devant une mosquée de la ville de Omdurman, après les prières du vendredi, toujours selon des témoins.