Juan Guaido visé par une enquête pour « sabotage » après la panne de courant qui touche le Venezuela
Juan Guaido visé par une enquête pour « sabotage » après la panne de courant qui touche le Venezuela
Depuis la semaine dernière, le pays est confronté à une immense panne électrique. Le président contesté, Nicolas Maduro, affirme que les Etats-Unis et l’opposition sont derrières cette attaque « cybernétique ».
Le chef d’Etat par intérim autoproclamé, Juan Guaido, le 11 mars à Caracas. / FEDERICO PARRA / AFP
Juan Guaido, chef d’Etat autoproclamé par intérim, est-il impliqué dans la gigantesque panne de courant qui touche le Venezuela depuis cinq jours ? C’est ce que veut savoir le procureur général, Tarek William Saab, qui a annoncé mardi 12 mars l’ouverture d’une enquête pour « sabotage électrique » contre le premier opposant au président Nicolas Maduro. « J’annonce l’ouverture d’une enquête contre le citoyen Juan Guaido en raison de son implication présumée dans le sabotage du système électrique du Venezuela », a déclaré le magistrat devant la presse.
Tout le Venezuela est touché depuis jeudi après-midi par une panne d’électricité. Et malgré le retour progressif du courant dans plusieurs quartiers de Caracas, la situation reste chaotique pour la population : se procurer de l’eau et de la nourriture à un prix abordable est devenu une gageure. Tout se négocie désormais en dollars, et ce jusque dans les moindres recoins du pays.
Selon des ONG, la panne a déjà provoqué la mort d’au moins quinze malades dans les hôpitaux – dont très peu sont équipés de générateurs en état de marche. Ces bilans ont été démentis, dimanche, par le ministre de la santé, Carlos Alvarado. Le gouvernement a annoncé une nouvelle journée fériée mardi : le pays qui sortait à peine des vacances de carnaval est à l’arrêt depuis vendredi matin.
« Scénario hollywoodien »
Alors que la panne de courant se poursuit au Venezuela, l’eau commence à manquer dans certaines villes du pays. / YURI CORTEZ / AFP
Le président Maduro a attribué cette panne géante à une attaque « cybernétique » fomentée par les Etats-Unis avec l’opposition contre la principale centrale hydroélectrique vénézuélienne, le barrage de Guri. Pour le chef d’Etat, les attaques contre le système électrique masquent une volonté des Etats-Unis de « désespérer » la population, afin de tenter de faire entrer de force l’aide humanitaire qu’il avait repoussée et de justifier une intervention militaire américaine déguisée.
Une explication qualifiée de « scénario hollywoodien » par M. Guaido, qui a dénoncé devant les députés « la corruption et l’impéritie » des services publics chargés de l’électricité. Le chef d’Etat autoproclamé, soutenu par une cinquantaine de pays, dont la France, a appelé ses partisans à manifester de nouveau mardi. Arguant de la situation alimentaire et sanitaire « calamiteuse » après cent heures sans électricité, le Parlement a par ailleurs décrété, lundi, l’état d’alerte dans le pays à la demande de M. Guaido, qui est également président de l’Assemblée nationale.
Mais ce vote reste symbolique. M. Guaido ne dispose pas, en effet, des moyens de faire appliquer un état d’alerte. Il n’a pas la main sur l’armée, ni sur la police ou sur le reste de la fonction publique, qui sont sous le commandement du président Maduro.
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