« Chez Comgest, nous développons un scénario à dix ans pour déterminer la valeur d’une entreprise »
« Chez Comgest, nous développons un scénario à dix ans pour déterminer la valeur d’une entreprise »
LE MONDE ARGENT
Laurent Dobler est directeur général de Comgest, qui gère environ 28 milliards d’euros, dont les deux tiers en actions européennes. La société a décroché le trophée Fundclass 2019 pour la régularité de ses performances sur sept ans.
Comgest garde les valeurs dans lesquelles elle investit longtemps dans ses fonds / Roy Scott/Ikon Images / Photononstop / Roy Scott/Ikon Images / Photononstop
Comgest reçoit le trophée Fundclass pour la régularité de ses performances sur sept ans. Quelle est votre méthode de gestion ?
Nous recherchons des entreprises capables de générer une forte croissance sur le long terme. Elles sont peu nombreuses. Généralement, le marché anticipe les performances d’une entreprise cotée au maximum sur cinq ans. Nous développons un scénario sur les cinq années suivantes, en cherchant à déterminer, s’il se réalise, la valeur de l’entreprise. Cette stratégie repose sur le travail de notre équipe de recherche, qui est essentiel, car très peu de sociétés sont capables de courir le marathon sur une période aussi longue. Le groupe suisse Roche, dans la pharmacie, L’Oréal, dans les cosmétiques, ou Dassault Systèmes, dans le logiciel, correspondent à ce profil.
Vos portefeuilles sont concentrés : pas plus d’une trentaine de lignes par fonds…
Effectivement, ces valeurs sont rares, c’est aussi pourquoi nous n’hésitons pas à les acheter à des prix relativement élevés, en limitant notre horizon d’investissement aux entreprises qui sont protégées par de solides barrières à l’entrée sur leur marché : des marques réputées, l’existence de brevets, des parts de marché qui les rendent incontournables, etc. Par ailleurs, nous privilégions des thèmes d’investissement porteurs sur le long terme, comme le vieillissement de la population, la numérisation ou l’urbanisation. Ensuite, nous gardons longtemps les valeurs en portefeuille, nous bougeons peu nos positions, c’est ce qui nous permet de faire mieux que les indices. Enfin, nous évitons les secteurs très cycliques et les sociétés financières, qui créent peu de valeur sur le long terme.
Comgest est réputé pour sa gestion « actions européennes », mais aussi pour sa gestion « actions des pays émergents », notamment à travers son célèbre fonds Magellan, qui pèse près de 3 milliards d’euros. Après plusieurs années difficiles, anticipez-vous un retour en grâce des bourses émergentes ?
Nos gérants spécialisés dans les pays émergents sont plus optimistes en raison de la valorisation modérée des titres de croissance dans cette zone par rapport aux prix historiques. Ils pensent que les économies et les sociétés se sont restructurées, ce qui laisse entrevoir un potentiel de hausse de leur rentabilité.