Ethiopian Airlines : l’analyse des boîtes noires débute, Boeing suspend les livraisons de 737 MAX
Ethiopian Airlines : l’analyse des boîtes noires débute, Boeing suspend les livraisons de 737 MAX
Le Monde.fr avec AFP
Le Bureau d’enquêtes et d’analyses, réputé pour son expertise, a été choisi par les autorités éthiopiennes pour décrypter les enregistreurs de vols.
Les boîtes noires du vol Ethiopian Airlines, à leur arrivée au Bureau d’enquêtes et d’analyses, au nord de Paris, le 14 mars. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS
L’analyse des boîtes noires du Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines débute vendredi 15 mars en France pour tenter de dévoiler le scénario de l’accident dans lequel 157 personnes sont mortes dimanche. C’est le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), près de Paris, qui sera chargé de la lecture des cartes mémoires des enregistreurs de vols, a annoncé cette agence française réputée pour son expertise dans les enquêtes délicates sur des accidents d’avion.
Le BEA, où sont arrivées jeudi les boîtes noires, a été choisi par les autorités éthiopiennes qui dirigent l’enquête sur l’accident. L’accident en Ethiopie est survenu moins de cinq mois après celui de la compagnie indonésienne Lion Air, en mer de Java, qui a tué 189 personnes. La première boîte noire contient les paramètres de vol, la seconde les conversations et alarmes du cockpit qui ont été enregistrées jusqu’à l’accident.
L’Ethiopie s’est tournée vers la France car elle ne dispose pas de l’équipement nécessaire pour les examiner. Ces boîtes, équipant le MAX, sont comme l’avion qu’elles équipent de nouvelle génération et demandent donc une grande expertise. L’organisme américain chargé de la sécurité dans les transports a de son côté dépêché trois enquêteurs en France pour participer aux travaux, une procédure habituelle puisqu’il s’agit d’un constructeur américain.
Les livraisons de 737 MAX suspendues
Pour l’heure, rien n’a filtré sur la possibilité d’exploiter pleinement ou non ces enregistreurs de vol alors que le responsable des autorités américaines Dan Elwell a révélé mercredi qu’ils avaient été « endommagés » lors de leur impact avec le sol. Mais les boîtes noires étant conçues pour résister à des chocs extrêmes, « cela ne présage en rien de l’intégrité des données qu’elles contiennent », a souligné un ancien responsable du BEA. Et si les données étaient partiellement effacées, le BEA pourrait se tourner vers le fabricant de ces enregistreurs pour les reconstituer en tout ou partie.
Plus tôt jeudi, Boeing a annoncé la suspension des livraisons des avions 737 MAX actuellement en production « jusqu’à ce que nous trouvions une solution ». Selon un porte-parole, l’avionneur américain poursuivra en revanche leur production. Mais Boeing n’était pas encore en mesure de dire où ces avions fraîchement sortis des chaînes d’assemblage allaient être stockés. Et le porte-parole a écarté l’éventualité de réduire le rythme de production ou de fermer provisoirement des usines. Boeing produit actuellement 52 MAX par mois et il prévoyait avant cette crise d’augmenter la cadence de production à 57 exemplaires, éventuellement en juin.
« Break, break, demande retour à la maison »
L’agence américaine de l’aviation (FAA) avait ordonné mercredi de clouer au sol « provisoirement » les Boeing 737 MAX 8 et 9 aux Etats-Unis dans le sillage de décisions similaires des autorités de sécurité aérienne dans le monde entier. L’interdiction de vol « sera maintenue le temps de plus amples investigations, incluant l’examen des informations contenues » dans les boîtes noires, a indiqué la FAA.
Le New York Times a indiqué jeudi soir que le pilote aux commandes du Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines avait rencontré une situation d’urgence immédiatement après le décollage, demandant d’une « voix paniquée » un retour. « Break, break, demande retour à la maison », dit le commandant aux contrôleurs aériens alors qu’il tente d’éviter deux autres vols approchant l’aéroport, selon le quotidien américain qui s’appuie sur les déclarations d’une personne ayant eu accès aux échanges entre l’équipage et les contrôleurs.
L’expression « break, break » est utilisée pour donner priorité à un message, signifiant que l’équipage est confronté à une situation d’urgence que les pilotes n’arrivent pas à gérer. La compagnie avait dit dès dimanche que l’équipage avait demandé un retour à Addis Abeba mais c’est la première fois que le contenu des messages du commandant avec le contrôle aérien est dévoilé.
L’Ethiopie endeuillée par le crash du Boeing 737
Durée : 03:09