Santé : quand assurer la Fédération française de rugby devient trop cher
Santé : quand assurer la Fédération française de rugby devient trop cher
Par Adrien Pécout
La GMF, assureur historique du rugby français, négocie une hausse de la prime de base, qui pourrait peser sur les comptes déjà déficitaires de la Fédération.
Le pack français lors du match du Tournoi des Six nations à Dublin, le 10 mars 2019. / CLODAGH KILCOYNE / REUTERS
Alors que le rugby s’interroge sur ses règles après la mort de trois joueurs à la suite de chocs en 2018, le coût matériel de la santé des pratiquants pourrait augmenter dans les années à venir.
Car l’assureur et sponsor historique du rugby français, la GMF (Garantie mutuelle des fonctionnaires), se pose des questions. D’après nos informations, celle qui prend en charge les blessures de l’ensemble des licenciés depuis trente ans perd aujourd’hui de l’argent pour assurer la Fédération française de rugby (FFR) : plus de 4 millions d’euros sur un an. Un déficit que la GMF souhaite réduire, elle qui finance déjà le rugby français dans le cadre de partenariats d’image plus classiques, aussi bien avec la Fédération française qu’avec la Ligue nationale.
Elle a donc ouvert des négociations pour obtenir l’augmentation de la prime dite de base, le montant minimum que doit verser chaque année la fédération à l’assureur. Il y a un an, la GMF a déjà obtenu de la FFR que cette somme passe de 8,4 millions à 10,08 millions d’euros pour la saison en cours. Cette fois, selon les estimations faites au Monde, elle espère parvenir à un montant d’au moins 12 millions d’euros pour la saison prochaine, l’exercice 2019-2020.
Un coup dur pour les finances de la FFR ?
Si la GMF obtenait à nouveau gain de cause, elle augmenterait d’environ 50 % en deux saisons sa prime de base ; pas anodin pour les comptes de la Fédération, qui accusait un déficit de 7,35 millions d’euros au terme de l’exercice 2017-2018.
La prime de base avait déjà dépassé sensiblement les 10 millions d’euros au début des années 2000, mais avait ensuite décliné au fil des négociations. La perspective - trop optimiste - d’une diminution des blessures, peut-être.
L’évolution totale du nombre de blessés n’est pas rendue publique, pas plus que celle des contentieux. En décembre 2018, la FFR indiquait simplement le nombre de « grands blessés », qui paraît à son avantage : celui-ci a bien baissé depuis le pic de six joueurs déclarés en 2009-2010 avec un handicap très lourd, un « déficit fonctionnel permanent » de 60 % ou plus. Dans pareille situation, la fédération adresse alors à la GMF une somme complémentaire.
Pour faire baisser le coût des licences, la FFR a revu à la baisse l’appel à cotisation lancé chaque année aux joueurs et censé étoffer le fonds provisionné en cas de « grands blessés », actuellement d’un montant de 55 millions d’euros. L’appel pour la saison prochaine a été prévu en partant du principe qu’il n’y aurait aucun grand blessé de déclaré en 2019-2020, comme ce fut le cas en 2017-2018.
Un choix « peu responsable alors que nous avons un nuage noir sur les problèmes juridiques et d’assurance », selon Florian Grill, membre du comité directeur de la FFR et voix de l’opposition, qui alerte notamment sur les risques liés aux commotions cérébrales.
Par l’intermédiaire de son trésorier général, Alexandre Martinez, la FFR affirme au Monde avoir créé « une commission » consacrée à la question de l’assurance. Le groupe est, selon lui, « en cours de constitution » depuis novembre 2018.