La justice saisie après des propos injurieux de Brigitte Bardot à l’encontre des Réunionnais
La justice saisie après des propos injurieux de Brigitte Bardot à l’encontre des Réunionnais
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
L’ancienne actrice affirme que « les autochtones ont gardé leurs gènes de sauvages », accusant les Réunionnais de « barbarie » à l’encontre des animaux.
Le préfet de La Réunion a saisi mercredi le procureur de la République après les propos injurieux de Brigitte Bardot à l’encontre des Réunionnais.
Dans une lettre ouverte publiée mardi relative à la maltraitance animale signée de Brigitte Bardot et envoyée par sa fondation, l’ancienne actrice de 84 ans affirme que « les autochtones ont gardé leurs gênes [sic] de sauvages », accusant les Réunionnais de « barbarie » à l’encontre des animaux.
Brigitte Bardot mentionne également les « décapitations de chèvres et de boucs » lors des fêtes hindouistes, associant ces pratiques à des « réminiscences de cannibalisme des siècles passés ». Entre autres propos, elle traite les habitants de La Réunion de « population dégénérée encore imprégnée des coutumes ancestrales, des traditions barbares qui sont leurs souches ». La militante de la cause animale a déjà été condamnée à cinq reprises pour incitation à la haine raciale, notamment pour des propos tenus contre les musulmans.
Indignation
Le président de la région Réunion, Didier Robert, a également saisi le procureur et le député de la France insoumise Jean-Hugues Ratenon a de son côté déposé plainte pour « injure publique », a-t-il annoncé dans un communiqué, jugeant les propos de Mme Bardot « irresponsables, outrageants et méprisants ». « Cette lettre comporte des termes injurieux et racistes à l’égard des habitants de La Réunion », indique le préfet dans un communiqué, en condamnant « fermement » ces propos « inacceptables ».
« Cette lettre étant susceptible d’être constitutive d’un délit, le préfet de La Réunion a saisi ce matin le procureur de la République de Saint-Denis au titre de l’article 40 du code de procédure pénale », a-t-il ajouté.
L’article 40 dispose que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ».
La ministre des outre-mer, Annick Girardin, qui se trouvait mardi à La Réunion, avait aussitôt condamné les termes injurieux du courrier, et annoncé qu’elle s’associerait à une plainte déposée par le préfet.
De nombreux élus et parlementaires réunionnais et d’outre-mer, ainsi que certains de métropole, ont également condamné ce courrier. Pour la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa, Brigtte Bardot fait « de l’anthropologie de comptoir (…) ». « Il ne faut rien laisser passer en matière de racisme », a-t-elle déclaré sur Europe 1.
La porte-parole du MoDem, Sarah El Haïry, a déploré des « propos d’un racisme profond » qui « montrent que certains soutiens de Marine Le Pen ont toujours cette même idéologie haineuse des races et de la supériorité des unes sur les autres ».
L’actrice du Mépris et de Et Dieu… créa la femme revendique sa proximité avec Marine Le Pen depuis plusieurs années et l’avait publiquement soutenue lors de la présidentielle de 2012.
Mercredi, l’ancien ministre PS des outre-mer Victorin Lurel a appelé le président de la République à « condamner sans réserve ces ignominies ».
Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, Frédéric Potier, s’est également indigné : « les Réunionnais sont citoyens français et méritent le respect », a-t-il tweeté.
Pour le Conseil représentatif des Français d’outre-mer (Crefom), « ce sont clairement des injures à caractère raciste ». « Les “cannibales”, les “barbares”, les “dégénérés” et les “sauvages” c’étaient les esclavagistes comme ce sont celles et ceux qui relaient aujourd’hui les préjugés sur lesquels reposait le crime [de l’esclavage] », fait-il valoir.
Maltraitance animale sur l’île
Des cas de maltraitance d’animaux domestiques sont régulièrement rapportés par les médias de l’île et les réseaux sociaux, sans que l’ampleur du phénomène puisse être mesurée ni comparée avec des faits similaires constatés sur d’autres territoires.
Le nombre de chiens errants est estimé à 42 000 à La Réunion, selon une étude publiée fin 2018 par la préfecture. Un plan de lutte contre l’errance animale préconise le développement de la stérilisation des chiens et des chats, ces derniers s’attaquant à des espèces protégées quand ils reviennent à l’état sauvage.
Les sacrifices d’animaux lors des cérémonies religieuses, hindouistes mais aussi musulmanes, font d’autre part l’objet d’une relative tolérance des autorités sur l’île multiculturelle qu’est La Réunion.