La Syrie dénonce la position de Trump sur le Golan
La Syrie dénonce la position de Trump sur le Golan
Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
Le président américain s’est prononcé en faveur d’une reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur la partie du plateau du Golan syrien occupée.
L’annonce de Donald Trump en faveur d’une reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur la partie du plateau du Golan syrien occupée a suscité de premières réactions dans le monde arabe. Le gouvernement syrien a dénoncé, vendredi 22 mars, « des propos irresponsables » et le « soutien aveugle des Etats-Unis ». Les déclarations du président américain ne changent rien à « la réalité que le Golan est et restera syrien », a affirmé une source officielle, citée par l’agence de presse SANA, ajoutant que Damas reste déterminé à récupérer le plateau par « tous les moyens possibles ».
La Coalition nationale syrienne (CNS), la principale plate-forme d’opposition au régime d’Assad, a également publié un communiqué qui « condamne avec la plus grande fermeté » la reconnaissance américaine, « contraire au droit international ». Elle affirme que ce geste « compromettra toutes les possibilités de stabilité et de paix et incitera à plus de guerres et de destructions dans notre région ».
Israël a conquis une grande partie du Golan, soit 1 200 km2, lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et l’a annexée en 1981, mais la communauté internationale n’a jamais reconnu cette annexion. « Après cinquante-deux ans, il est temps pour les Etats-Unis de reconnaître pleinement la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, qui a une importance stratégique pour l’Etat d’Israël et la stabilité régionale », a tweeté, jeudi, le président américain au moment où son chef de la diplomatie Mike Pompeo se trouvait à Jérusalem.
Consternation et embarras
Au Liban, où le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo devait se rendre ce vendredi, aucune réaction officielle n’était disponible en milieu de matinée. Le chef de la diplomatie des Etats-Unis, arrivé d’Israël, était censé rencontrer le premier ministre Saad Hariri, chef du camp sunnite et allié des Etat-Unis, ainsi que le président Michel Aoun et son gendre, le ministre des affaires étrangères Gebran Bassil, du Courant patriotique libre, une formation chrétienne, proche du Hezbollah. Ce mouvement chiite pro-iranien, classé terroriste par Washington, a combattu aux côtés des forces pro-gouvernementales en Syrie, notamment sur la partie du plateau du Golan qui n’a pas été annexé par Israël.
S’il est évident que la décision de la Maison Blanche a choqué la classe politique libanaise, et en particulier les milieux acquis à la « résistance » contre Israël – le mot d’ordre numéro un du Hezbollah –, il n’était pas possible de savoir, vendredi matin, quel type d’accueil serait réservé à M. Pompeo et si certains de ses rendez-vous seraient annulés, en guise de représailles au tweet de Donald Trump.
Les autres chancelleries arabes n’avaient pas non plus réagi vendredi matin. Mais comme lors de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne sur Jérusalem en décembre 2017, il est fort probable qu’elles se contenteront d’une dénonciation de principe.
Oscillant entre consternation et embarras vis-à-vis de Washington, qui est souvent leur allié, les grandes capitales arabes devraient rappeler que l’initiative américaine enfreint le droit international, et notamment le principe du refus de l’appropriation de territoire par la force, qui est le socle de la résolution 242 des Nations unies. Un texte passé en 1967, qui est au fondement du processus de paix israélo-arabe.
Le refus de l’annexion du Golan par Israël et de sa reconnaissance par les Etats-Unis figurera, selon toute vraisemblance, au sommet de la ligue arabe, prévu le 31 mars, à Tunis.