Opération mains propres dans le monde patronal. Le Medef a indiqué, lundi 25 mars, avoir adressé une plainte au procureur de la République de Paris, « à la suite de soupçons de malversations » au sein de l’AGS. Cette structure associative, pilotée par des organisations d’employeurs, assure le versement du salaire aux personnels d’entreprises en difficultés (redressement ou liquidation judiciaire). La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ainsi que l’AGS elle-même se sont associées à cette démarche, dont le parquet n’avait pas encore connaissance, mardi matin. Les faits pourraient relever de « l’abus de confiance et de la corruption active ou passive », d’après un communiqué du Medef.

Le pot aux roses a été découvert grâce à un audit lancé peu après l’arrivée de nouvelles personnalités à la tête de l’AGS, en particulier celle de Houria Sandal-Aouimeur, nommée directrice générale du régime de garantie des salaires en septembre 2018. Réalisé par le cabinet EY, l’audit en question a révélé de « graves anomalies », selon le communiqué du Medef.

Une source patronale, sollicitée par Le Monde, précise qu’il s’agit de « petits arrangements entre amis », pour des montants de « plusieurs centaines de milliers d’euros », voire au-delà du million d’euros. Les sommes incriminées auraient été perçues par une société de services et un cabinet d’avocats, pour des prestations dont la réalité est sujette à caution, affirme cette même source.

Les investigations se poursuivent

Au sein de l’AGS, la responsabilité de plusieurs cadres ou ex-cadres pourrait être engagée, dont celle de l’ancien directeur général de l’AGS, Thierry Météyé. Contacté par Le Monde, ce dernier ne nous a pas répondu. Les investigations d’EY se poursuivent et pourraient mettre au jour d’autres dysfonctionnements.

Parallèlement, Mme Sandal-Aouimeur a déposé plainte, dans un commissariat, après avoir été récemment victime de plusieurs gestes malveillants (lettres anonymes, actes de vandalisme contre son domicile), qui pourraient avoir un lien avec son entrée en fonction à l’AGS. Ce sont des « tentatives d’intimidation », confie un haut gradé d’un mouvement patronal.

Financée par une cotisation des employeurs, l’AGS a procédé à des avances sur salaires pour un montant légèrement supérieur à 1,48 milliard d’euros, en 2018.