Le tribunal de grande instance de Strasbourg a accordé, mercredi 27 mars, un nouveau sursis à l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve après trois nouvelles offres de reprise et deux marques d’intérêt dans ce dossier aux multiples rebondissements.

Un mois après le désistement du groupe franco-belge Altifort, qui a fait l’effet d’une douche froide, les 281 salariés du site étaient suspendus à cette nouvelle décision de justice, dans ce feuilleton devenu un marqueur de la politique industrielle du quinquennat Macron.

Lundi, trois offres de reprise et deux marques d’intérêt ont été déposées auprès des organes chargés de la procédure, encore assorties à ce stade de conditions suspensives. Deux d’entre elles sont jugées particulièrement crédibles : celles du sidérurgiste britannique British Steel et du spécialiste italien des aciers spéciaux Calvi Networks, qui prévoient la reprise totale de l’activité et du personnel. L’usine est actuellement en sous-activité, depuis vendredi et jusqu’au 15 avril, toutes les commandes ayant été honorées.

Ces projets « sont cohérents, il va maintenant falloir qu’ils soient présentés au tribunal de façon complète, autant en termes commercial, industriel que financier », affirme à l’Agence France-Presse (AFP) Nacim Bardi, délégué syndical CGT, qui précise que le personnel doit rencontrer prochainement ces repreneurs potentiels.

Des « gens très sérieux »

Une troisième offre, déposée par le fonds SecuFund Industry et portée par l’ancien patron d’Ascometal Frank Supplisson, prévoit une reprise partielle des salariés et une modification de l’activité. Les marques d’intérêt ont été formulées par des lettres d’intention de l’industriel régional Pascal Cochez et d’un groupe hollandais souhaitant disposer de plus de temps pour étudier le dossier.

Lundi, la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, s’est réjouie de voir des « gens très sérieux » porter ces projets de reprise, « un beau signal pour les salariés et les familles qui sont derrière ». « Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! », a-t-elle averti.

L’aciérie de Saint-Saulve, devenue Ascoval en 2017, attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire, en février 2018, du groupe Asco Industries, auquel le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60 % de l’usine, tout en conservant 40 % des engagements de commandes. A la mi-décembre, le tribunal de Strasbourg avait mis fin à un long suspense en validant la reprise de l’usine par Altifort. Mais, à la surprise générale, le projet a échoué en février, le groupe franco-belge n’ayant pas réussi à réunir les 35 millions d’euros qu’il s’était engagé à apporter. Le tribunal de Strasbourg avait alors accordé un nouveau sursis d’un mois à l’aciérie, qui vient d’être renouvelé, mercredi 27 mars. Tout en saluant « l’attitude très responsable du personnel de l’aciérie », Bercy assure :

« L’intérêt porté à l’usine d’Ascoval, quelques semaines seulement après l’échec du projet d’Altifort, confirme la qualité et l’intérêt de cette usine. »

« L’ambiance était lourde » ces dernières semaines mais « ce qui est encourageant, c’est que notre dossier intéresse les industriels. C’est un nouvel espoir », déclare un salarié proche de la direction à l’AFP. « Les salariés sont fatigués. On est tous à bout », confie pour sa part Nicolas Lethellier, délégué CGT. « On a envie que ça se termine, cette situation dure depuis trop longtemps. »