Un sauvetage mené dans le cadre de l’operation « Sophia » en Méditerranée, au large de la Libye, en mars 2016. / Matthias Schrader / AP

Sous la pression de Rome, l’Union européenne a annoncé cette semaine la suspension temporaire du déploiement de ses bateaux de sauvetage des migrants au large de la Libye. Mais pour pallier ces moyens navals, l’opération européenne « Sophia », lancée en 2015, va « intensifier » sa surveillance aérienne en Méditerranée, a annoncé vendredi 29 mars le Conseil de l’UE. Il s’agira en outre de « renforcer le soutien apporté aux gardes-côtes libyens et à la marine libyenne », a ajouté le Conseil – sans préciser selon quelles modalités.

Le mandat de la mission européenne, chargée de lutter contre les passeurs clandestins, a été prolongé vendredi de six mois, jusqu’au 30 septembre. Cette mission militaire avait été lancée voilà quatre ans, après une série de naufrages particulièrement meurtriers. Son quartier général est installé à Rome, mais elle est sur la sellette depuis que la coalition au pouvoir en Italie demande une refonte de son fonctionnement.

« Plus à même d’appliquer efficacement son mandat »

Faute d’accord sur un partage de l’accueil des migrants secourus en mer, le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) exige que l’UE revienne sur la règle voulant que les migrants secourus par « Sophia » soient systématiquement débarqués en Italie. C’est ce bras de fer qui menace l’existence de l’opération et qui a mené au compromis provisoire entre Etats membres.

« L’opération “Sophia” est une opération navale. C’est clair que sans les moyens maritimes, elle ne sera plus à même d’appliquer efficacement son mandat », avait déploré mercredi une porte-parole du service diplomatique de la Commission européenne. Face à une situation qu’elle jugeait bloquée depuis des mois, l’Allemagne avait décidé en janvier de ne pas remplacer sa frégate opérant dans la zone, l’Augsburg. Et de fait, l’opération « Sophia » n’a plus mené d’opérations de secours depuis l’été 2018.

En janvier, l’amiral Enrico Credendino, chef de la mission, avait revendiqué le sauvetage de 45 000 personnes par la mission, soit 9 % du total des migrants secourus en Méditerranée. Plus de 500 embarcations de passeurs ont été mises hors d’usage et 150 trafiquants arrêtés, avait-il ajouté.

Comprendre l'immigration clandestine en une carte
Durée : 02:28