Elections européennes : Lutte ouvrière plaide pour les « Etats-Unis socialistes d’Europe »
Elections européennes : Lutte ouvrière plaide pour les « Etats-Unis socialistes d’Europe »
Le Monde.fr avec AFP
Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, les deux têtes de liste, ont lancé leur campagne, vendredi à Paris.
Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier ont donné une conférence de presse, vendredi 29 mars. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Tous les éléments de la liturgie communiste révolutionnaire sont là : les drapeaux rouges, la banderole frappée de la célèbre phrase de Karl Marx « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » et les chants de lutte. Vendredi 29 mars, le palais de la Mutualité (Paris 5e) s’était donc paré de rouge pour la grande messe de lancement de campagne de la liste de Lutte ouvrière (LO) pour les élections européennes du 26 mai. Composée de 79 « candidats et candidates issus du monde du travail », elle sera conduite par Nathalie Arthaud, enseignante, et Jean-Pierre Mercier, ouvrier dans l’automobile. Le bas de la salle parisienne grouillait pour écouter les différents orateurs qui se sont succédé à la tribune.
Les trotskistes seront cette fois seuls en lice : le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a jeté l’éponge et a, d’ailleurs, appelé à voter LO. Une liste commune a, un temps, été évoquée. Mais trop de différences entre les deux formations. « Le NPA voulait une campagne mêlant une série de revendications sociales, écologistes et sociétales avec le mot d’ordre de “contre les traités européens”. Nous, nous sommes contre le grand capital », a expliqué Nathalie Arthaud un peu plus tôt dans la journée, lors d’une conférence de presse.
« Grand capital »
Qu’on se le dise : LO ne va pas prendre pour cible l’Union européenne (UE) dans sa campagne, même si elle estime « son rejet légitime ». Elle visera « la bourgeoisie ». « Nous ne voulons pas nous attaquer à des chiffons de papier mais à ceux qui tiennent les stylos, a poursuivi Mme Arthaud. Pour nous, lutter contre l’Europe ne peut pas être un mot d’ordre favorable aux exploités. Est-ce que le Brexit fait avancer la cause ouvrière ? Je ne le crois pas. » M. Mercier abonde : « Si on sort de l’UE, ce sont les travailleurs qui paieront. Pareil si on reste. Les travailleurs doivent défendre leur cause. » Leur slogan résume tout : « Contre le grand capital, le camp des travailleurs ».
En bons internationalistes, les militants de Lutte ouvrière appellent à des « Etats-Unis socialistes d’Europe », un premier pas vers une « République socialiste universelle ». Une position de plus en plus rare à gauche et à l’extrême gauche. D’ailleurs, Mme Arthaud se montre très critique sur les autres formations, notamment celles qui défendent des mesures de protectionnisme ou qui estiment, comme La France insoumise, qu’il est nécessaire de s’appuyer sur les frontières. « Ce sont des positions réactionnaires, cela sert le grand capital. Les frontières n’ont jamais arrêté l’exploitation ou la rapacité de la bourgeoisie », tranche Mme Arthaud, quand M. Mercier juge que c’est aller « sur le terrain de l’extrême droite ».
L’écologie au menu de LO
Vendredi soir, les « gilets jaunes » ont également été évoqués, notamment leurs revendications d’augmentation du pouvoir d’achat. « C’est sur cette question que Macron a dû céder quelques concessions. Pour les travailleurs, les chômeurs et les retraités, résoudre la question du pouvoir d’achat, c’est imposer des augmentations fortes de salaires, des pensions de retraites et des allocations », a notamment martelé M. Mercier qui s’est dit également favorable à l’interdiction des licenciements.
Fait nouveau, Mme Arthaud a également évoqué l’écologie. « L’avenir de la planète fait partie de nos préoccupations, a-t-elle reconnu. Il s’agit d’un problème collectif, il s’agit de l’énergie, des déplacements, de ce que l’on produit… Qui décide ? Les grands groupes capitalistes qui pensent “après moi le déluge”. On le mesure après chaque catastrophe écologique. » Et de poursuivre, visant notamment Yannick Jadot : « Certains écologistes, sur liste écolo ou sur la liste macronienne, nous expliquent que l’écologie est compatible avec l’économie de marché. Mais c’est l’économie de marché qui a produit tous ces excès ! »
Dans le paysage atomisé de la gauche et de l’extrême gauche françaises, la liste LO est créditée d’environ 1 % des intentions de vote, comme son score en 2014 (1,17 %). Pas de quoi décourager les militants trotskistes.