L’histoire du Brexit, épisode 1/2 : « Le pari raté de David Cameron »
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Les députés britanniques, qui ont rejeté pour la troisième fois, vendredi, l’accord de retrait négocié par Theresa May, se réunissent de nouveau, lundi 1er avril, pour tenter de trouver une solution alternative face à l’accord de Brexit de Theresa May, espérant pouvoir dégager une majorité pour faire pression sur la dirigeante conservatrice.

Après l’ajournement du Brexit, initialement prévu pour le 29 mars, et afin d’éviter une sortie sans accord, ils s’apprêtent à voter sur un nombre réduit d’options, qui seront sélectionnées en fin d’après-midi par le président de la Chambre des communes, John Bercow. Le résultat de ces votes sera connu autour dans la soirée.

Peu avant 19 heures, et alors que les débats étaient en cours, onze militants du mouvement écologiste Extinction Rebellion se sont introduits dans la Chambre des communes pour interpeller les élus sur la crise du climat et le réchauffement climatique.

Divorce ou « Common Market 2.0 »

Parmi les solutions proposées dans les débats de lundi soir devraient figurer celles qui ont recueilli le plus de suffrages, mercredi 27 mars : celle soutenant l’idée d’organiser un référendum sur tout accord de divorce conclu avec Bruxelles, et celle d’établir une union douanière avec l’UE. Les deux avaient bénéficié du soutien de l’opposition travailliste.

La proposition d’un modèle « Norvège + », également connue sous le nom de « Common Market 2.0 », pourrait aussi se distinguer. Elle signifierait la mise en place d’une union douanière spécifique avec l’UE.

Theresa May a déjà signifié qu’elle s’opposerait au choix des députés s’il se portait vers le maintien dans le marché unique ou vers une union douanière car Londres perdrait la possibilité de suivre une politique commerciale autonome après le Brexit.

Les députés conservateurs n’en font qu’à leur tête

Le vote des députés n’intervient qu’à titre indicatif. Mais il ne serait pas « viable » pour le gouvernement de l’ignorer, a estimé dimanche le ministre de la justice, David Gauke, à un moment où Theresa May a perdu tout semblant d’autorité sur le Parti conservateur, et même sur ses ministres, qui n’en font qu’à leur tête.

Evoquant les membres du gouvernement, le « Chief Whip » Julian Smith, chargé de faire respecter la discipline parlementaire chez les députés conservateurs, a dénoncé ce qu’il considère comme le « pire exemple d’indiscipline de l’histoire politique britannique », dans une rare prise de position publique. Theresa May les a appelés à s’abstenir au cours des votes de lundi.

Elle n’a par ailleurs pas renoncé à présenter une nouvelle fois son accord de divorce, déjà rejeté trois fois depuis mi-janvier, s’il a « une chance raisonnable de succès », a déclaré son porte-parole, lundi. Vendredi, elle avait laissé planer la perspective de législatives anticipées, soulignant les « limites » du processus parlementaire.

Mais l’entreprise n’est pas sans risque : Mme May avait déjà convoqué des élections en juin 2017, espérant asseoir ainsi son autorité avant d’entamer les négociations avec l’UE. Elles s’étaient soldées par un revers, son parti ayant dû s’allier avec la petite formation nord-irlandaise DUP pour pouvoir gouverner.

Quelle que soit la voie choisie, Mme May doit présenter ses plans au prochain sommet européen exceptionnel convoqué pour le 10 avril.

La patience des Européens s’épuise

En face, la patience des dirigeants européens est en train de « s’épuiser », a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, sur la chaîne de télévision italienne Rai 1. « Le Brexit est un spectacle lamentable, je le dirai sans aucune diplomatie », a aussi lâché ce week-end Michael Roth, le ministre allemand chargé des affaires européennes.

L’eurodéputé Guy Verhofstadt, référent sur le Brexit au Parlement européen, a quant à lui exhorté, lundi, les députés britanniques à « trouver un compromis aujourd’hui et arrêter ce chaos », dans un) Tweet.

Le coût de l’incertitude

Les incertitudes liées au Brexit ont coûté à l’économie britannique 600 millions de livres sterling (700 millions d’euros) par semaine depuis le référendum de juin 2016, estime Goldman Sachs dans une étude publiée lundi.

La banque d’affaires américaine conclut que le Brexit avait coûté à la cinquième économie mondiale autour de 2,5 points de produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’an dernier par rapport à la tendance que suivait le PIB avant le vote en faveur de la sortie de l’UE.