Sept cent cinq députés à élire dans 27 pays : plus de 300 millions d’Européens vont choisir en mai leurs représentants au sein du Parlement. Seule institution européenne dont les membres sont élus au suffrage universel direct, le Parlement est doté de compétences législatives (il adopte, avec le Conseil de l’UE, la législation européenne), budgétaires (il établit, avec le Conseil, le budget de l’UE) et de surveillance (il élit le président de la Commission et exerce un contrôle sur les institutions).

En France, quelque 45,5 millions d’électeurs sont appelés à voter lors de ce scrutin qui est aussi la première élection intermédiaire du quinquennat Macron. Le point sur cette élection à quelques semaines du vote.

Pour quoi vote-t-on ?

Session plénière au Parlement européen, à Strasbourg, le 17 mars. / JEAN-FRANÇOIS BADIAS / AP

Il s’agit de renouveler le Parlement européen en élisant, pour cinq ans, des députés qui partageront leur temps entre Strasbourg, où se trouve le siège du Parlement, et Bruxelles, en Belgique, où se tiennent notamment les réunions des commissions.

L’élection de 2019 présente plusieurs nouveautés :

  • Une circonscription unique

Lors des élections de 2004, 2009 et 2014, la France était divisée en huit circonscriptions dans lesquelles étaient répartis les sièges à pourvoir. Cette année, les électeurs vont revenir à ce qui se faisait jusqu’en 1999 et voter pour des listes nationales, au sein d’une unique circonscription.

Il s’agit d’un scrutin proportionnel : les listes qui obtiennent 5 % des suffrages exprimés obtiennent des sièges en fonction du score qu’elles ont réalisé.

  • 79 députés à élire

Si le Parlement sortant comptait 74 eurodéputés français, les électeurs doivent cette année désigner 79 représentants, en raison du Brexit, qui entraîne la fin de la présence des Britanniques à Strasbourg.

Sur les 73 sièges qu’occupaient les élus du Royaume-Unis, 46 sont « gardés en réserve » et pourront éventuellement être attribués à d’autres pays en cas d’élargissement de l’Union européenne. Les vingt-sept autres sièges ont été répartis entre quatorze pays considérés comme sous-représentés : cinq en France et en Espagne, trois en Italie et aux Pays-Bas, deux en Irlande, un en Pologne, Suède, Autriche, Danemark, Slovaquie, Finlande, Croatie, Roumanie et Estonie.

En 2019, le Parlement européen va donc passer de 751 à 705 élus. A moins, bien sûr, que les Britanniques, embourbés dans le Brexit, ne quittent pas l’Union européenne d’ici au 22 mai et organisent finalement des élections.

Quand a lieu le scrutin ?

En France, l’élection a lieu dimanche 26 mai (ou samedi 25 mai pour les électeurs de Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Polynésie française, et pour les Français vivant sur le continent américain, qui pourront voter dans les ambassades ou postes consulaires).

L’élection se déroule dès le 23 mai aux Pays-Bas, le 24 mai en Irlande, les 24 et 25 en République tchèque, le 25 mai en Lettonie, Slovaquie et à Malte. Tous les autres pays de l’UE organisent le scrutin le 26 mai.

Qui est candidat ?

Les électeurs auront, en France, le choix entre au moins 15 listes. La composition complète de ces listes, qui contiendront 79 noms, n’est pas connue – les partis vont les déposer à partir du 23 avril et jusqu’au 3 mai –, mais les personnalités qui vont les mener ont déjà été désignées.

  • Debout la France (DLF). Nicolas Dupont-Aignan va mener la liste de DLF, qu’il préside. On y trouve aussi la lanceuse d’alerte Stéphanie Gibaud (no 2) et le « gilet jaune » Benjamin Cauchy (no 9).
  • Europe Ecologie-Les Verts (EELV). L’eurodéputé Yannick Jadot est en première position sur la liste, sa collègue Michèle Rivasi est no 2 et le secrétaire national d’EELV, David Cormand, est no 3.
  • La France insoumise (LFI). Manon Aubry, ancienne porte-parole de l’ONG Oxfam, mène la liste LFI. Sont également candidats Anne-Sophie Pelletier, soignante en Ehpad (no 5), et l’ancien socialiste Emmanuel Maurel (no 6).
  • Génération.s. Benoît Hamon, ancien socialiste candidat à la présidentielle de 2017, mène la liste de son mouvement.
  • Parti communiste (PCF). Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris, est la tête de la liste communiste, sur laquelle figurent également Marie-Hélène Bourlard, ouvrière, qui est apparue dans le documentaire Merci Patron !, de François Ruffin (no 2) et Patrick Le Hyaric, directeur du journal L’Humanité (no 3).
  • Place publique - Parti socialiste. L’essayiste Raphaël Glucksmann a pris la tête de la liste d’union entre son mouvement et le Parti socialiste. Doivent y figurer également : la cofondatrice de Place publique et présidente de l’ONG Bloom, Claire Nouvian, et le porte-parole de Nouvelle Donne, Pierre Larrouturou.
  • Le Rassemblement national (RN). Jordan Bardella, conseiller régional d’Ile-de-France, est tête de liste. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy Thierry Mariani est également candidat (no 3).
  • Les Républicains (LR). Le philosophe François-Xavier Bellamy conduit la liste LR, sur laquelle on trouve également les anciens ministres Nadine Morano (no 4) et Brice Hortefeux (no 5).
  • La République en marche (LRM) - MoDem - Agir. Nathalie Loiseau, ancienne ministre aux affaires européennes et ancienne directrice de l’ENA (no 1), conduit la liste. Y figurent également Pascal Canfin (no 2, ancien ministre, ancien président du WWF France), la navigatrice Catherine Chabaud (no 5) ou encore le journaliste Bernard Guetta (no 8).
  • Mais aussi : Jean-Christophe Lagarde (UDI), Florian Philippot (Les Patriotes), Jean Lassalle (Résistons !), François Asselineau (UPR), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Dominique Bourg (Urgence écologie).

Difficile de savoir si une liste de « gilets jaunes » va concourir le 26 mai. Une des figures du mouvement, Ingrid Levavasseur, avait annoncé prendre la tête de la liste du Ralliement d’initiative citoyenne (RIC) avant de renoncer. Christophe Chalençon veut lui présenter une liste au nom de son mouvement Evolution citoyenne.

Quels sont les rapports de forces ?

En France, lors du scrutin de 2014, le Front national (aujourd’hui Rassemblement national) était arrivé en tête des suffrages (24,9 %) devant la droite (UMP, 20,9 %), les socialistes (14 %), les centristes (9,9 %), les écologistes (8,9 %) et le Front de gauche (6,3 %). Cinq ans plus tard, le paysage politique français a connu une vaste recomposition avec l’émergence du parti d’Emmanuel Macron, La République en marche (LRM), et l’affaiblissement des partis traditionnels de droite et de gauche. Ces premières élections intermédiaires constitueront donc un test pour la majorité présidentielle.

Selon la deuxième vague (21 au 25 mars) de l’enquête électorale réalisée par Ipsos Sopra-Steria pour Le Monde, le Cevipof (Sciences Po) et la Fondation Jean-Jaurès, la liste LRM-MoDem arrive en tête avec 23,5 %, suivie par le RN avec 22 %. Viennent ensuite LR (12 %), EELV (8 %), LFI (8 %), Place publique-PS (6,5 %), DLF (5 %) et Génération.s (4 %).

A l’échelle européenne, ce sont les conservateurs du Parti populaire européen (PPE, 217 eurodéputés depuis 2014) et les sociaux-démocrates du Parti socialiste européen (PSE, 184 eurodéputés) qui dominaient jusqu’à présent le Parlement. Mais l’affaiblissement de ces deux formations et la montée en puissance de forces nationalistes et populistes, hostiles à l’Union, pourraient changer à la donne et conduire à un Parlement plus fragmenté.

Retrouvez notre série « Idées reçues sur l’Europe »

A l’occasion des élections européennes du 26 mai, l’International Fact-Checking Network (IFCN), réseau international de vérification d’information dont Le Monde est partenaire, a réalisé un sondage pour confronter les idées reçues sur l’Europe des citoyens de plusieurs pays (France, Allemagne, Espagne, Italie, Pologne et Suède).

Et vous, quelles sont vos connaissances et opinions sur l’Europe ? Coïncident-elles avec celles des Français interrogés ? Et avec la réalité ? Vous pourrez le vérifier dans le cadre de notre série d’articles sur :