Carlos Ghosn quitte le bureau de son avocat, le 3 avril à Tokyo. / KAZUHIRO NOGI / AFP

Le tribunal de Tokyo a autorisé, vendredi 5 avril, le maintien en garde à vue de Carlos Ghosn jusqu’au 14 avril, au lendemain de son arrestation à son domicile pour de nouveaux soupçons de malversations financières. Le parquet, invoquant un « risque d’altération des preuves », a déposé une requête qui a été approuvée, a annoncé le tribunal dans un bref communiqué.

L’ancien PDG de Renault-Nissan a été interpellé jeudi au petit matin à son domicile de Tokyo, où il se trouvait « en liberté très surveillée », selon ses termes, depuis sa sortie de prison début mars. Il a été conduit peu après au centre de détention de Kosuge (nord de la capitale), où il est interrogé par les enquêteurs du bureau des procureurs.

Dans une déclaration préparée avant l’interpellation et publiée par des médias japonais, M. Ghosn s’est dit une nouvelle fois « innocent », fustigeant une arrestation « révoltante et arbitraire ». Il a également dénoncé, dans une interview aux chaînes françaises TF1 et LCI, les « mensonges » et « la démolition systématique » dont il se dit victime depuis sa première interpellation, le 19 novembre 2018, « de la part de personnes à l’intérieur de Nissan ». Son avocat a promis d’utiliser tous les recours possibles pour obtenir sa remise en liberté.

Bénéfices personnels

Carlos Ghosn a été arrêté une première fois le 19 novembre 2018 pour avoir minoré ses déclarations de revenus aux autorités financières japonaises entre 2010 et 2015. Il l’a été une seconde fois le 10 décembre pour des faits similaires entre 2015 et 2018, puis une troisième le 21 décembre pour abus de confiance aggravé. Le parquet l’a mis en examen pour l’ensemble de ces charges. Après 108 jours de garde à vue et de détention provisoire, il a bénéficié d’une libération contre le versement d’une caution d’un milliard de yens (7,9 millions d’euros), dans l’attente d’un procès qui ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois.

M. Ghosn est désormais sous la menace d’une quatrième mise en examen. Le parquet le soupçonne cette fois d’avoir transféré des fonds de Nissan à une société « de facto contrôlée par lui », via un distributeur de véhicules de Nissan à l’étranger, sûrement au sultanat d’Oman selon une source proche du dossier. Sur un total de 15 millions de dollars entre fin 2015 et mi-2018, 5 millions auraient été détournés, a précisé le bureau des procureurs dans un communiqué. « Le suspect a trahi sa fonction [de patron de Nissan] pour en tirer des bénéfices personnels », a-t-il ajouté.

M. Ghosn avait annoncé mercredi 3 avril sur Twitter la tenue d’une conférence de presse le 11 avril, pour « dire la vérité sur ce qui se passe ». Ce rendez-vous se trouve de facto annulé.

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